Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/26

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Au-dessus du Saghalien ou la occupé par les Ke tcheng ta tse, il n’y a certainement que quelques villages de cette nation, tout le reste du pays est désert, et n’est fréquenté que par les chasseurs de zibelines. Il est traversé par une chaîne de montagnes fameuse dans ces quartiers, qu’on nomme Hinkan alin. Il y a aussi quelques rivières assez belles. Touhourou pira se jette dans l’océan Oriental, venant d’une autre chaîne de montagnes placée au 55e degré, qui marque les points du partage des eaux. Ainsi Oudi pira va vers la mer du Nord, et appartient aux Moscovites, tandis que Silimphi pira vient au sud dans les terres de nos Tartares.

Ceux qu’on appelle Ilan hala, sont vrais Mantcheoux. Ce mot Ilan signifie trois, et Hala signifie surnom ou nom commun d’une famille : ce qui fait comprendre qu’ils sont composés de trois familles : réunies enfin ensemble, après la conquête du reste de la nation, d’où ils étaient fort éloignés, parce qu’ils s’étaient mêlés avec les Yu pi ta se.

L’empereur leur a donné des terres près de Nin gouta le long de Hourha pira et du Songari oula, au bord desquels sont à présent presque tous leurs villages. Leurs femmes, leurs enfants, leurs domestiques sont encore habillés la plupart comme les Yu pi ta se ; mais ce que n’ont pas ceux-ci, ils ont des chevaux et des bœufs, et font ordinairement une bonne récolte.

On trouve encore dans ces quartiers quelques vestiges de villes, Fenegué hotun était sur le Hourha pira, à cinq ou six lieues du Ningouta d’aujourd’hui, et n’est plus qu’un petit hameau. Odoli hotun était fort par son assiette. On n’y peut venir que par une langue de terre, qui fait comme une levée au milieu des eaux. On y voit encore de grands escaliers de pierre, et quelques autres restes d’un palais, ce que l’on ne voit nulle part ailleurs, non pas même à Nin gouta.

C’est ce qui pourrait faire croire que tout ce qu’on trouve de monuments dans la Tartarie orientale, est l’ouvrage, non des Mantcheoux d’aujourd’hui ; mais des Mantcheoux du douzième siècle, qui sous le nom de Kin tchao étaient les maîtres du nord de la Chine, et avaient fait bâtir en divers endroits de leur pays, des places et des palais dont ils ne purent pas ensuite profiter, parce qu’ils furent coupés par les Tartares Mongous ou Mongols, et les Chinois joints ensemble ; de sorte que ce qui en resta dans cette horrible défaite, ne put se sauver que par l’occident de leur ancien pays, dans les lieux qu’occupent aujourd’hui les Tartares nommés Solon ta tse, qui se disent originairement Mantcheoux.

Suivant cette remarque, on doit penser que Pou tai oula hotun est leur ouvrage, il n’en reste qu’une pyramide d’une hauteur médiocre et des ruines de murailles, hors desquelles sont les maisons qu’habitent aujourd’hui les Mantcheoux. Elle est à huit ou neuf lieues de Kirin ou la ho tun sur le Songari, qui s’appelle en cet endroit là Poutai ou la, dont elle a tiré son nom, et peut être comptée la quatrième ville, ou plutôt la dernière, puisque dans tout ce gouvernement de Kirin ou la, il n’y en a que quatre dont celle-ci