Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/263

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plus trouvé de bons pâturages, et beaucoup moins d'eau ; la plupart des mares d'eau que nous avions trouvées en allant, s'étaient séchées faute de pluie, les herbes étaient aussi toutes sèches, de sorte que l'on fut obligé de laisser en chemin une infinité de chameaux et de chevaux, parce qu'ils ne pouvaient plus marcher ; les Kalkas en ont aussi volé plusieurs ; ils étaient toutes les nuits aux aguets, pour se saisir de ceux qui s'égaraient du lieu où on les gardait ; c'est pourquoi nos ambassadeurs ont fait distribuer aux cavaliers et aux officiers, tous les chevaux que l'empereur avait envoyés, pour s'en servir en cas de besoin ; et tout ce qui restait de soie, de toile et de thé, etc. pour les changer avec les Tartares de ce pays, contre des chameaux et des chevaux qu'ils amenaient tous les jours en grand nombre dans notre camp, à condition néanmoins que chacun rendrait à Peking les chevaux, chameaux, pièces de soie, toiles, en effets ou en argent, selon la coutume. Vers le soir il fit du tonnerre et un peu de pluie, mais la nuit il plut beaucoup. Le 27 le temps fut fort serein, et fort tempéré, un peu après midi il s'éleva un vent de nord qui rendit l'air un peu plus frais. Nous rentrâmes ce jour-là dans les terres appartenantes à l'empire de la Chine, et nous passâmes ce qu'on appelle Carou, où nous reprîmes les gens, les chevaux, et les chameaux que nous y avions laissés. Nous les trouvâmes en très bon état ; ces terres étant très propres pour engraisser les bestiaux. Un taiki de Kalka vint encore saluer Kiou kieou, il était accompagné de deux ou trois autres taikis Mongous, qui avaient ordre de l'empereur de convoyer avec leurs gens des vivres pour notre équipage. Il y avait un des taikis qui était guevou, c'est-à-dire, marié avec la fille d'un régulo de Peking ; c'était un homme fort bien fait, et fort bien vêtu ; un autre était le fils de Carchianivara, l'un des plus puissants de tous les régulos mongous sujets à l'empereur, et le plus voisin de Peking, car ses terres s'étendent jusqu'à Kou pe keou. Le 28 le temps fut un peu froid le matin, une gelée blanche étant tombée sur la terre, quoique le vent qui était fort petit, vînt du côté du sud. Sur le soir en arrivant au lieu où nous campâmes, il vint un lama saluer Kiou kieou ; il se disait envoyé d'un des premiers lamas qui a été le maître du Grand lama frère du principal de ces trois empereurs de Kalka, dont j'ai parlé plus haut dans le journal de l'année passée. Il venait complimenter de sa part Kiou kieou, et faire ses excuses de ce qu'il ne venait pas lui-même en personne, alléguant qu'il était fort cassé de vieillesse. Ce lama député paraissait avoir un respect infini pour son maître, mais il ne fut pas heureux ; car on ne lui fit pas les caresses auxquelles il s'attendait, et Kiou kieou ne voulut pas recevoir je ne sais quel petit paquet d'une certaine poudre, que je crus être de la cendre de quelque chose qui avait servi au Grand lama, ou peut-être même de ses excréments pulvérisés, dont les Mongous