Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/264

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font si grand cas, qu'ils les portent pendus à leur col dans de petits sachets, comme des reliques fort précieuses et capables de les préserver de tous malheurs, et de les guérir de toutes sortes de maladies ; il portait cette poudre enfermée dans un petit paquet de papier fort blanc, lequel était proprement enveloppé dans une grande écharpe de taffetas blanc ; Kiou kieou lui dit, que ce n'était pas la coutume des Tartares Mantcheoux d'user de ces sortes de choses, et qu'ainsi il n'osait pas recevoir son présent. Il congédia ensuite ce lama, sans lui faire aucune démonstration de courtoisie, et sans lui offrir même un verre d'eau. Ayant su depuis que ce lama désirait d'avoir un peu de riz, parce qu'étant cassé de vieillesse, il avait de la peine à manger de la viande, il lui en fit donner libéralement et en quantité. Ce lama disait, que quoique son Grand lama eût été maître de Tchemitzun Tamba houtouktou, frère de Touchetou han, son disciple était devenu plus habile que lui, parce qu'il avait eu, disait-il, l'adresse de se faire respecter et adorer de plus de monde ; mais il ne remarquait pas que cette prétendue habileté n'était qu'un grand fond d'orgueil, qui avait enfin causé la ruine de sa famille, et la décadence de l'empire de Kalka. Le 30 le temps fut presque tout le jour serein et tempéré, avec un grand vent le matin, il venait du nord-ouest ; il cessa au lever du soleil ; peu après il s'éleva du sud-est, et enfin après midi il se remit au nord-ouest, et continua fort violemment le reste du jour, sans cependant qu'il fît froid. Le premier jour d'octobre le temps fut tout le jour fort serein et fort tempéré, et même chaud le milieu du jour, n'ayant fait que très peu de vent de nord qui changea au sud, et peu de temps après revint au nord. Nous campâmes dans la plaine d'Ounéguet sur le bord du ruisseau ou petite rivière de Tchikir, au même endroit où nous avions campé le 4 de juillet en venant ; il fit toute la nuit un grand vent de sud-est, jusqu'à la pointe du jour qu'il cessa. Le 2 le temps fut assez serein le matin, mais vers les sept à huit heures il s'éleva un grand vent d'ouest, qui augmenta encore après midi, et le ciel se couvrit et menaça de pluie, mais les nuées se dissipèrent le soir, quoique le vent durât presque toute la nuit. Nous campâmes encore ce jour-là sur le bord de Tchikir, qui avait de l'eau courante en cet endroit dans une grande plaine nommée Charipouritun. Le 3 le temps fut serein tout le jour et un peu froid, un petit vent de nord s'étant élevé dès le matin, et s'étant ensuite augmenté et tourné au nord-ouest et de là à l'ouest, toujours fort grand, mais vers le coucher du soleil il s'abattit presque tout à fait ; nous trouvâmes sur le chemin plusieurs tentes de Mongous qui étaient venus là depuis notre passage pour y profiter des pâturages.

Le 4 le temps fut serein tout le jour et froid, ayant fait un grand vent de nord-ouest qui dura jusqu'à la nuit, et alors le froid devint fort piquant, et s'augmenta tellement cette nuit-là, que tout se gelait dans nos tentes ;