Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/270

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des principales difficultés que nous y avions trouvées ; nous répondîmes que nous avions simplement suivi les ordres de Sa Majesté, et tâché de remplir notre devoir. Ensuite on nous donna par son ordre du thé tartare, et il nous fit dire qu'il nous avait aussi destiné à chacun une portion de la chair des cerfs qu'il avait tués à la chasse ; sur quoi il faut remarquer que c'est la coutume des Tartares de sécher au soleil la viande de toutes sortes d'animaux, afin de la garantir de la pourriture, et c'est de cette sorte de viande principalement que parmi eux se nourrissent en campagne les gens du commun. Le 24 l'empereur alla faire les oblations ordinaires qu'on fait aux morts, devant le corps de l'impératrice défunte qui était en dépôt dans une maison de plaisance hors de la ville. Le 4 de novembre nous allâmes au palais, demander des nouvelles de la santé de l'empereur parce que nos Pères avaient remarqué qu'il avait perdu de son embonpoint, lorsqu'ils étaient allés peu de jours auparavant lui présenter un mémoire, sur l'éclipse de lune qui devait arriver ce mois-là. Sa Majesté reçut fort bien notre compliment, et nous fit entrer dans ce même salon, où nous avions déjà paru deux fois en sa présence ; là on vint nous dire de sa part, que s'il paraissait quelque changement sur son visage, il n'en fallait pas être surpris, qu'il y avait eu cette année une grande sécheresse, et que par conséquent le peuple devait beaucoup souffrir ; que la misère de son peuple ne pouvait pas manquer de lui causer du chagrin ; ensuite l'eunuque qui nous apporta cette réponse, dit que Sa Majesté avait appris que j'étais assez avancé dans la langue tartare, et il me demanda ce qui en était. Je répondis qu'en effet j'avais commencé à l'apprendre, et comme on m'interrogea en détail, je fus obligé de répondre toujours en tartare, ce que l'on rapporta aussitôt à Sa Majesté, qui nous envoya sur-le-champ un bandege couvert de viandes de sa table ; ces viandes étaient dans des porcelaines très fines, jaunes en dehors, et blanches en dedans. On me dit que Sa Majesté voulait que je le remerciasse en langue tartare, ce que je fis le moins mal qu'il me fut possible. Après qu'on lui eut rendu ma réponse, il renvoya une troisième fois demander quelles sortes de livres j'avais lus, si je les entendais aisément, et si j'étais celui qui s'était offert d'aller à Oula, pour y apprendre plus facilement le tartare. Je répondis que si Sa Majesté jugeait à propos de m'y envoyer, j'étais prêt d'y aller, et en quelque lieu du monde qu'il lui plairait. Après que nous eûmes goûté de ce que l'empereur nous avait envoyé, on nous dit en nous congédiant que Sa Majesté nous enverrait incessamment de la chair de cerf, qu'il nous avait fait garder de sa chasse. Le 17 nous allâmes au palais pour demander si Sa Majesté désirait que nous la suivissions, lorsqu'elle irait aux obsèques de l'impératrice. On nous fit répondre qu'il n'était pas nécessaire. Nous lui présentâmes quatre peaux de renard noir, que l'ambassadeur plénipotentiaire de Moscovie nous avoir données. Sa Majesté les reçut agréablement ; ce sont les plus précieuses et