Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/286

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

plus agréable de toute cette maison, quoiqu'il ne soit ni riche ni magnifique. Il est situé entre deux grands bassins d'eau, l'un au midi, et l'autre au nord ; l'un et l'autre environnés presque de toutes parts de petites hauteurs faites à la main, avec la terre qu'on a tirée pour creuser les bassins ; toutes ces hauteurs sont plantées d'abricotiers, de pêchers, et d'autres arbres de cette nature ; ce qui rend cette vue assez divertissante, quand les arbres sont couverts de verdure. Notre explication achevée, l'empereur nous fit conduire dans tout cet appartement. Il y a une petite galerie du côté du nord, immédiatement sur le bord du bassin d'eau qui est de ce côté-là, dont la vue est fort agréable ; on nous fit voir quelques autres chambres, dans lesquelles l'empereur couche l'hiver et l'été ; cela fut regardé comme une faveur singulière ; ceux qui approchent de plus près de Sa Majesté ne vont jamais jusque-là : tout y était fort modeste, mais d'une propreté extrême à la manière des Chinois ; ils font consister la beauté de leurs maisons de plaisance et des jardins, dans une grande propreté, et dans certains morceaux de rocailles extraordinaires, tels qu'on en voit dans les déserts les plus sauvages ; mais surtout ils aiment à avoir plusieurs petits cabinets, et plusieurs petits parterres fermés par des haies de verdure qui forment de petites allées ; c'est là le génie de la nation. Les gens riches parmi eux ne laissent pas de faire de la dépense en ces sortes de bagatelles ; ils achèteront bien plus cher un morceau de quelque vieille roche qui ait quelque chose de grotesque ou d'extraordinaire, comme, par exemple, si elle a plusieurs cavités, ou si elle est percée à jour, qu'ils ne feraient un bloc de jaspe, ou quelque belle statue de marbre. S'ils n'emploient point de marbre dans leurs bâtiments, ce n’est pas qu'ils en manquent ; les montagnes voisines de Peking sont pleines de très beau marbre blanc, qu'ils n'emploient guère que pour l'ornement de leurs sépulcres. Le 31 nous allâmes encore faire notre explication à l'empereur à sa maison de plaisance de Tchang tchun yuen ; et après l'avoir faite, Sa Majesté nous fit l'honneur de nous envoyer plusieurs mets de sa table, qu'il nous fit manger dans son appartement même, et tout proche de la salle où il mangeait en même temps lui-même ; après quoi il voulut que je lui montrasse l'usage des logarithmes qu'il avait nouvellement fait transcrire en chiffres chinois ; il en croyait d'abord l'usage difficile et embarrassé, puis ayant compris sans peine comment se faisait la multiplication par le moyen de ces logarithmes, il témoigna de l'estime pour cette invention, et du plaisir d'en savoir l'usage. Le premier jour d'avril nous allâmes comme les jours précédents faire notre explication de géométrie à l'empereur dans sa maison de plaisance. Il nous envoya selon sa coutume des mets de sa table, et nous fit manger dans son propre appartement ; de plus, il nous fit présent de différentes choses qui lui étaient venues tout récemment du côté du sud, et nous traita avec sa bonté ordinaire ; je lui expliquai l'usage des logarithmes dans la division. Le 5