Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/293

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des hias ou gardes du corps environnaient Sa Majesté et ses enfants ; marchaient ensuite une douzaine de domestiques qui suivaient partout immédiatement l'empereur ; puis venaient dix officiers, dont les fonctions sont semblables à celles de nos gardes de la manche ; ils portaient chacun sur l'épaule une grande lance ou pertuisane, dont le bois était vernissé de rouge, tacheté d'or ; proche du fer de la lance pendait une queue de tigre ; ils étaient suivis d'un escadron de hias ou gardes du corps, qui sont tous mandarins de différents ordres ; après quoi venaient les officiers de la couronne et les autres Grands de l'empire ; la marche était terminée par une grosse troupe d'officiers de la maison de Sa Majesté, à la tête desquels marchaient deux grands étendards à fond de satin jaune, avec les dragons de l'empire peints dessus en or. Toutes les rues par où devait passer l'empereur, étaient nettoyées et arrosées ; on en avait fait retirer tout le monde, et fermé toutes les portes, les boutiques, et les rues de traverse ; des fantassins rangés de côté et d'autre de ces rues, ayant chacun une épée au côté et un fouet à la main, faisaient retirer le peuple ; c’est ce qui se pratique toutes les fois que l'empereur ou le prince héritier passent dans les rues de Peking ; et bien plus encore, lorsque les reines ou quelques princesses y doivent passer ; car quoiqu'elles soient traînées dans des chaises fermées, on bouche encore toutes les rues de traverse avec des nattes. Lorsque l'empereur fut arrivé hors du faubourg de la ville, il trouva les troupes rangées de côté et d'autre dans le grand chemin ; il en fit la revue accompagné seulement du prince héritier, et de deux ou trois autres personnes, tout le reste de la suite ayant fait halte, pour ne pas exciter trop de poussière dans le grand chemin. Quand l'empereur eut examiné les troupes, il s'arrêta un moment à parler à son frère, à son fils, et ensuite aux officiers généraux, qui avaient tous mis pied à terre, et qui lui parlèrent à genoux ; il n'y eut que son fils et son frère qui demeurent à cheval, après quoi il s'en revint au palais. Le 12 on eut avis que le roi d'Eluth s'était mis en marche avec son armée pour se retirer sur ses terres ; Sa Majesté résolut aussitôt de partir le dix-huit de ce mois pour aller à la chasse dans les montagnes de Tartarie, qui sont au-delà de la grande muraille, où nous le trouvâmes les deux années dernières en retournant de notre voyage.

Le 13 l'empereur nous fit dire que sachant certainement que les Moscovites ne se joignaient point au roi d'Eluth pour faire la guerre aux Kalkas, ainsi que le bruit en avait couru, il était inutile que nous l'accompagnassions en Tartarie, où il allait simplement pour chasser. Le 15 un député du roi d'Eluth arriva en cette cour ; c'était une personne considérable et du Conseil de ce prince ; il venait, disait-on, rendre raison à l'empereur de ce que les soldats de son maître avaient battu un parti de ses sujets et fait plusieurs prisonniers ; il allégua pour excuse, que cet acte d'hostilité s'était fait à l'insu du roi d'Eluth ; qu'il les avait rendus aussitôt