Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/294

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qu'il eut appris qu'on les demandait de la part de l'empereur ; d'autres disaient qu'il venait traiter d'un accommodement ; ce qu'il y a de certain, c'est qu'on eut beaucoup de joie à la cour de la venue de cet envoyé. Le 17 l'empereur régala l'envoyé d'Eluth dans une salle du palais, où il donne audience aux ambassadeurs étrangers, et il voulut assister en personne au festin. On dit que cet officier mangea peu, et fut toujours fort grave. Il paraissait un homme de tête. Ce même jour au soir un courrier rapporta que le roi d'Eluth ne se retirait pas dans son pays comme on l'avait cru, mais qu'il s'avançait vers l'orient, qu'il côtoyait toujours les limites de cet empire, et donnait la chasse aux Kalkas, dont la plupart s'étaient retirés de ce côté-là. Sa Majesté nous fit dire ce jour-là, que l'un de nous deux, ou le père Bouvet ou moi, nous n'avions qu'à continuer d'aller de trois jours l'un au palais pour y préparer des leçons de géométrie que nous lui expliquerions à son retour. Le 18 dès la pointe du jour l'empereur partit pour aller à la chasse en Tartarie. Il ordonna avant son départ que l'on fît marcher le reste des soldats qui avaient eu ordre de partir le treize, et qui depuis avaient été arrêtés par un contre-ordre, sur l'avis qui était venu de la retraite du roi d'Eluth. Le troisième de septembre nous observâmes une éclipse de soleil le père Bouvet et moi ; elle commença à six heures quarante-sept minutes, et environ quarante ou cinquante secondes, et finit à huit heures dix minutes et environ trente secondes ; elle fut d'environ trois doigts. Le même jour l'impératrice douairière, accompagnée des reines femmes de l'empereur, alla au-devant de l'empereur, qui s'étant trouvé incommodé revenait à Peking. Nous partîmes aussi les pères Thomas, Bouvet, et moi dans le dessein d'aller à sa rencontre ; mais nous trouvâmes en chemin le prince héritier que l'empereur avait renvoyé à Peking, pour dissiper les faux bruits qu'on aurait pu semer au sujet de sa maladie. Nous revînmes avec ce prince, parce que la marche de l'empereur était très lente, et qu'il ne devait arriver que vers le 8 ou 9 du mois. Le prince héritier n'était accompagné que de dix ou douze officiers, de quelques eunuques, et d'une troupe de valets ; six gardes marchaient un peu derrière lui, portant chacun une lance, de laquelle pendait une queue de tigre. Lorsque nous commençâmes à entrer dans le faubourg, nous trouvâmes toutes les rues arrosées, les maisons et les boutiques fermées, pas une âme dans les rues par où le prince devait passer, excepté les soldats de Peking dont la charge est de garder les rues toutes les nuits, de les faire nettoyer, et de fermer les maisons par où l'empereur, le prince héritier de l'empire, et les femmes du palais doivent passer. Ils étaient rangés en haie, ayant, comme je l'ai déjà dit, l'épée au côté et un fouet à la main ; ce sont eux qui montent la garde tous les jours dans toutes les rues de Peking, pour empêcher le désordre.

Le 4 on publia ici que l'armée de l'empereur, commandée par son frère, avait remporté la victoire sur l'armée d'Eluth. Le mémorial que