Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/296

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pour y reprendre des forces, et rétablir sa santé ; son fils aîné était retourné peu de jours auparavant de l'armée. Le 28 ceux qui ont soin d'observer le ciel à la tour des mathématiques, découvrirent une nouvelle étoile dans le col du Sagittaire ; ils n'en avertirent que deux jours après, voulant auparavant s'en bien assurer. Le 30 nous l'observâmes nous-mêmes ; elle paraissait fort distinctement, comme une étoile de la quatrième grandeur ; elle était semblable à celles que nous appelons fixes. Le premier d'octobre nous observâmes encore la nouvelle étoile, mais nous ne pûmes prendre sa hauteur à cause des vapeurs qui en dérobaient presque la vue. Le 4 nous observâmes la nouvelle étoile, et nous remarquâmes qu'elle diminuait considérablement à la vue. Le 8 ayant su que le convoi des cendres de Kiou kieou, tué à la bataille donnée le premier septembre entre l'armée de l'empereur et celle du roi d'Eluth, n'était pas éloigné de la ville, et que Sa Majesté avait envoyé au-devant deux grands de l'empire, et de ses hias pour faire honneur au défunt, le père Pereira et moi qui avions des obligations particulières à ce seigneur, nous partîmes pour aller à sa rencontre, et nous le trouvâmes à sept lieues de Peking 1. Ses cendres étaient enfermées dans un petit coffre, couvert du plus beau brocard d'or qui se fasse à la Chine. Ce coffre était placé dans une chaise fermée et toute couverte de satin noir ; elle était portée par huit hommes ; devant marchaient dix cavaliers, portant chacun une lance ornée de houppes rouges et d'une banderole de satin jaune, avec une bordure rouge ou étaient peints les dragons de l'empire. C'était la marque de la charge du chef d'un des huit étendards de l'empire ; ensuite venaient huit chevaux de main deux à deux proprement enharnachés ; ils étaient suivis d'un autre cheval seul avec une selle, dont il n'y a que l'empereur qui puisse se servir, et ceux à qui il en fait présent, et il n'en donne guère qu'à ses enfants ; je n'ai vu qu'un seul des plus grands seigneurs de l'empire, et des plus favorisés de l'empereur qui en eut. Les enfants et les neveux du défunt environnaient la chaise où étaient portées les cendres ; ils étaient à cheval et vêtus de deuil ; huit domestiques accompagnaient la chaise à pied ; à quelques pas de distance suivaient quelques-uns des plus proches parents, et les deux grands envoyés par l'empereur. Lorsque nous arrivâmes assez proche nous mîmes pied à terre, et nous arrêtant au milieu du chemin, nous lui rendîmes les devoirs accoutumés, qui consistent à se prosterner quatre fois jusqu'à terre. Les enfants et les neveux du défunt mirent aussi pied à terre, et nous allâmes leur donner la main, qui est le salut