Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/295

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ce généralissime avait envoyé à Sa Majesté, portait, que le premier de septembre ayant su que l'armée d'Eluth était proche, il s'était mis en en chemin le lendemain dès la pointe du jour pour l'aller reconnaître, que vers le midi il commença à apercevoir l'armée ennemie, et qu'aussitôt ayant rangé toutes les troupes en bataille, il s'avança en bon ordre ; en sorte que vers les deux heures les deux armées se trouvèrent en présence. L'armée d'Eluth s'était mis en bataille proche d'un ruisseau au pied d'une montagne, et s'était fait une espèce de retranchement de ses chameaux ; dans cette disposition, les Eluths attendirent nos gens, et acceptèrent la bataille. On fit d'abord plusieurs décharges de canon et de mousqueterie, ensuite la mêlée fut grande, et l'armée ennemie fut défaite, avec une perte considérable de soldats. Les marécages leur facilitèrent la retraite, et ils retournèrent en bon ordre dans leur camp. Le généralissime ajoutait, qu'il ne savait pas encore si le roi d'Eluth avait péri dans ce combat, qu'il le ferait savoir dans la suite avec les autres particularités de la bataille, dont il ne mandait alors le succès qu'en gros, pour ne pas différer à instruire Sa Majesté de cette agréable nouvelle. Le 8 ayant appris que l'empereur approchait de la ville, nous partîmes pour aller au-devant de Sa Majesté, nous nous avançâmes ce jour-là jusqu'à huit lieues de Peking, d'où étant partis vers les trois heures après minuit, à dessein de joindre l'empereur à quatre lieues du lieu où nous avions couché, nous apprîmes en chemin que Sa Majesté s'était embarquée la nuit même sur une petite barque, pour gagner un village qui est à cinq lieues de Peking, d'où il devait se rendre en chaise à la ville. Nous prîmes aussitôt notre route vers le lieu où l'empereur devait quitter la rivière ; et y étant arrivés environ deux heures avant lui, nous l'attendîmes à l'endroit où il devait descendre, et nous nous rangeâmes proche des Grands de la cour qui y attendaient aussi Sa Majesté. Aussitôt que la barque aborda, l'empereur qui nous aperçut, nous envoya un de ces jeunes hommes qui sont en sa présence, et qui font l'office de gentilshommes de la chambre, pour nous demander ce que nous souhaitions. Nous fîmes notre compliment sur la maladie de Sa Majesté, en marquant l'inquiétude que nous en avions eue, ce qui lui fut rapporté incontinent. Nous avions su deux jours auparavant que Sa Majesté s'était informée des chefs de l'appartement d'Yang tsin tien, où Sa Majesté vient entendre nos explications, si nous avions témoigné de la sensibilité sur sa maladie, et si nous avions demandé souvent de ses nouvelles ; à quoi ces messieurs avaient répondu obligeamment, que nous étions venus exactement tous les jours, et que de plus nous avions envoyé trois ou quatre fois le jour de nos gens, pour nous informer de la santé de Sa Majesté. Le 19 Sa Majesté se trouvant beaucoup mieux, nous fit l'honneur de nous appeler en sa présence, et son visage avait déjà presque repris sa première couleur, mais il était devenu fort maigre. Le 24 l'empereur alla à sa maison de plaisance de Tchang tchun yuen,