Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/329

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du second ordre n'ont point d'étendards, mais seulement les deux piques avec les banderoles, et huit lances, et ainsi des autres à proportion. L'empereur ne fit que visiter en passant tous ces camps ; il s'arrêta seulement pour voir faire l'exercice à l'infanterie, qu'il fit sortir de son camp, où elle était rangée sous les armes. Cette infanterie consistait en sept ou huit cents soldats, dont les uns avaient un mousquet sur l'épaule, et un sabre au côté ; les autres étaient armés d'une espèce de pertuisane, qui n'est tranchante que d'un côté. Quelques autres, et en assez grand nombre, étaient armés d'un grand sabre que chacun d'eux tenait d'une main avec un bouclier de l'autre. Ces boucliers sont faits d'une espèce d'osier corroyé ; ces derniers sont destinés à faire les attaques ; l'empereur voulut voir comment ils s'y prenaient. Aussitôt qu'ils se furent rangés en bataille, on leur fit faire trois ou quatre mouvements ; après quoi on donna le signal de l'assaut ; ils se mirent tous ensemble à courir l'épée à la main, se couvrant de leurs boucliers, et jetant de grands cris ; ils avancèrent si bien, qu'ils firent reculer les hias de l'empereur ; cependant je ne crois pas qu'ils fissent grand peur à un corps de cavalerie aguerri, et il me semble qu'ils seraient bientôt rompus. Lorsqu'ils ne peuvent plus avancer, ils s'accroupissent à terre, et se couvrent le corps de leurs boucliers, qui peuvent les garantir des flèches, mais non pas des armes à feu. L'empereur fit ensuite combattre quelques-uns de ses soldats deux à deux, les uns du sabre et à découvert, mais sans s'approcher de trop près ; les autres du sabre avec les boucliers, et les autres de la pertuisane ; enfin il voulut voir comment ces soldats armés de boucliers se couvraient contre les flèches, et s'ils pouvaient avancer jusqu'auprès de ceux qui les tirent, sans être auparavant blessés ; pour cela il fit prendre des flèches qui ne sont point armées de fer, mais seulement d'un morceau d'os presque arrondi par le bout, dont on se sert pour tirer les lièvres quand on ne veut pas les percer ; le soldat avança à la vérité jusqu'à deux fois à la portée de l'épée, proche de celui qui lui tirait des flèches, mais il ne put si bien se couvrir, qu'il ne fût touché au pied toutes les deux fois avant qu'il arrivât à la portée du sabre. On me demanda bien des fois mon sentiment sur ces sortes d'exercices militaires. L'empereur même au retour demanda au jeune homme qui avait soin de me conduire, ce que j'en pensais, et si en Europe la milice était à peu près semblable. L'empereur alla aussi voir ce jour-là le lieu où l'on devait ranger son armée en bataille, et il éprouva quelques-uns de ces chevaux, dont le pas était si grand et si vite, que d'autres bons chevaux avaient de la peine à les suivre au grand trot, et même au petit galop. Le 29 jour que l'empereur avait marqué pour recevoir les hommages des Kalkas, dès le grand matin tous les mandarins et les officiers, tant ceux de guerre, que ceux de la maison de l'empereur, se vêtirent de leurs habits de cérémonie, et se rendirent chacun au lieu qui leur avait été assigné ; les soldats