nouveaux tours de souplesse, sur une corde qu'on tendit exprès ; cette collation et ces jeux durèrent près de trois heures, pendant lesquelles l'empereur s'entretint familièrement avec ces princes, et particulièrement avec le Grand lama, qui était proche de sa personne. Après que cette assemblée fut séparée, et que l'empereur eut un peu reposé, il alla suivi de toute sa cour visiter le lieu où les soldats devaient être le lendemain rangés en bataille ; toutes les troupes s'y trouvèrent avec leurs officiers à leur tête. L'empereur ordonna lui-même la manière dont ils devaient être rangés, puis il alla sur une hauteur qui était vis-à-vis de là, et il vit mettre les troupes en bataille. Il demeura jusqu'à la nuit sur cette éminence, où il fit placer un pavillon pour le lendemain. Le 31 dès le grand matin, tous les soldats qui étaient dans le camp, armés de leurs casques et de leurs cuirasses, avec leurs officiers à leur tête, se rendirent au lieu marqué ; l'empereur après avoir mangé dans sa tente, se revêtit aussi de sa cuirasse et de son casque, accompagné de son fils aîné et de son troisième fils, qui n'était point armé, parce qu'il est trop jeune pour soutenir le poids d'une cuirasse tartare, qui est fort pesante. Cette cuirasse est composée de deux pièces. L'une est une espèce de jupon, avec quoi ils ceignent le corps, et qui leur descend au-dessus du genou lorsqu'ils sont à pied, mais qui couvre toutes les jambes lorsqu'ils sont à cheval ; l'autre pièce est à peu près semblable aux cottes d'armes des anciens ; les manches en sont plus longues, et leur couvrent le bras presque jusqu'au poignet. L'une et l'autre de ces pièces en dehors est de satin, la plupart à fond violet, avec une broderie plate d'or, d'argent, et de soie de différentes couleurs ; outre plusieurs pièces de taffetas qui servent de doublure, elle est doublée de feuilles de fer ou d'acier bien battu, et ordinairement fort luisantes, qui sont rangées comme des écailles sur le corps d'un poisson, et je crois même que c’est de là qu'ils ont pris l'idée de leurs cuirasses ; chaque pièce de fer a environ un pouce et demi de longueur, et un peu plus d'un pouce de largeur ; chacune des pièces est attachée au satin avec deux petits clous, dont la tête bien ronde et bien polie paraît en dehors, et est rivée en dedans. Il y en a qui mettent un autre taffetas en dedans qui couvre les pièces de fer, de sorte qu'elles ne paraissent ni en dehors, ni en dedans, mais la plupart n'en mettent point. Ces cuirasses ont cela de commode, qu'étant ainsi composées de petites pièces rangées les unes sur les autres, elles ne contraignent point le corps qui peut se tourner, se remuer et s'agiter aisément ; mais aussi elles sont extrêmement pesantes ; elles sont à l'épreuve des flèches et des armes courtes, mais non pas des armes à feu, quoique les Grands n'épargnent rien pour les faire les meilleures, et de la plus dure résistance qu'il est possible, particulièrement l'empereur, qui a témoigné plus d'une fois qu'il souhaiterait fort avoir des cuirasses qui fussent à l'épreuve du mousquet. Le casque n’est proprement qu'un pot, ou au moins ce n’est que le dessus d'un de nos casques ; il couvre amplement le dessus et le tour de la tête ; le visage, la gorge, et le cou demeurent à découvert ; on le fait de fer ou d'acier bien battu et luisant, avec des ornements de damasquinure pour les casques des officiers ;
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