car les Chinois sont habiles à travailler les ouvrages de fer, et surtout à les damasquiner. Le casque est aussi bien que les nôtres surmonté d'une aigrette ; aux simples soldats c'est une touffe de ce même poil de vache de Tartarie teint en rouge, que les Tartares portent sur leurs bonnets d'été, et au haut de leurs étendards, de leurs lances, et au cou de leurs chevaux. Cette touffe est attachée au dessus d'une petite pyramide de fer damasquiné ou doré, et de forme carrée qui fait le couronnement. L'aigrette des mandarins est faite de six bandes de peau de zibeline doublées de brocard d'or, larges chacune d'environ un pouce, attachées au-dessous d'une pyramide d'or, d'argent, ou de fer doré. La zibeline est belle à proportion du rang des mandarins qui la portent. Celle du casque de l'empereur et de son fils était noire et fort luisante ; ils attachent ce casque avec des cordons de soie par dessous le menton, afin qu'il ne tombe pas. Au reste les cuirasses sont extrêmement brillantes, ainsi que l'on se le peut imaginer par la description que je viens d'en faire. Je remarquai seulement que la plupart des grands seigneurs n'avaient point de broderie qui parût sur leur cuirasse, dont le fond était d'un satin violet tout simple, semé d'une infinité de têtes de clous bien ronds et bien polis, et une plaque ronde d'acier poli, d'un peu plus d'un demi pied de diamètre. Cette pièce d'acier faite en bosse pourrait passer pour un vrai miroir ; ils en avaient une sur l'estomac, et l'autre au milieu du dos. La cuirasse même de l'empereur n'avait rien d'extraordinaire au dehors, et n'était que d'un brocard d'or à fond gris, partagé en fort petits carrés, et des raies blanches et noires, avec une doublure et une petite bordure de soie jaune. Au reste, quoique selon les apparences, il n'eût jamais paru publiquement revêtu de casque et de cuirasse que ce jour-là il ne semblait point gêné dans cet habillement, avec lequel il avait très bonne grâce, soit qu'il fût à pied, soit qu'il montât à cheval. Tous les Grands, les officiers, et les simples cavaliers ont chacun une petite banderole de soie de la couleur de l'étendard, sous lequel ils sont enrôlés ; elle est attachée derrière leur casque et au dos de leur cuirasse ; sur cette banderole est marqué le nom de celui qui la porte, et de la compagnie dont il est ; si c'est un mandarin, on y voit sa qualité et sa charge ; c'est afin que chacun puisse être reconnu dans la mêlée. L'empereur monta à cheval la cuirasse sur le dos, le casque en tête, le sabre au côté, (car les Tartares ne se servent que du sabre, ) et armé de son arc et de ses flèches. L'étui dans lequel il met l'arc, et qui lui sert de gaine, ne couvre que la moitié de l'arc. Celui de l'empereur était de velours noir, orné par les bouts de quelques pierreries enchâssées dans de l'or ; le carquois était de même. Sa Majesté fut suivie de tous les hias et des officiers de sa maison, tous armés de la même manière ; il voulut que je le suivisse de près, afin de mieux voir la cérémonie. Il alla droit au lieu où l'on avait rangé les troupes en bataille. Ces troupes étaient composées d'environ quatre mille cavaliers armés de flèches, d'environ deux mille mousquetaires à cheval, d'un bataillon de sept
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