Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/341

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après quoi l'empereur fit tirer de l'arc aux meilleurs tireurs kalkas. Il y eut parmi eux quelques taikis qui se distinguèrent, et tous généralement firent paraître assez d'adresse. C’est un exercice auquel ils sont accoutumés dès leur enfance. Après qu'environ une centaine de Kalkas eurent tiré de l'arc, on fit commencer des courses de chevaux qu'ils appellent Paohyaïe. Ils étaient montés par des danseurs de corde, qui courant à bride abattue, se renversaient sur le cheval, et jetaient tout le corps et les jambes tantôt à droite, tantôt à gauche, sans pourtant toucher la terre, ne se tenant qu'avec la main au crin des chevaux. Un homme à cheval courait devant eux comme pour les guider ; ils firent aussi plusieurs fois la culbute sur la selle du cheval, se renversant la tête en bas et les pieds en l'air, et courant quelque temps en cette posture, après quoi ils s'asseyaient à revers sur le cou au cheval, et faisaient divers autres tours très subtils, mais qui n'étaient pas sans danger ; en effet, il y en eut deux qui tombèrent, et l'un deux se blessa de telle sorte, qu'il fut hors d'état de poursuivre sa carrière. Ce divertissement fini, on en commença un autre ; ce fut de faire lutter des Kalkas contre des Mantcheoux, des Mongous et des Chinois ; ils se mettaient tous en chemise, en caleçons, et en bottes, encore les Kalkas retroussaient-ils leurs méchants caleçons bien haut sur la cuisse, pour n'être pas embarrassés. Généralement parlant les Kalkas eurent l'avantage, car les meilleurs lutteurs se trouvèrent de leur côté ; il y en eut entr'autres trois ou quatre qui se distinguèrent par leur force et leur adresse. J'en vis deux ou trois qui élevés en l'air ne laissaient pas de se défendre, et renverser leur adversaire. Ils s'attirèrent l'admiration et les applaudissements de tous les spectateurs. Ces divertissements se terminèrent par plusieurs décharges de canon tirés au but ; les canonniers y réussirent médiocrement ; on tira aussi quelques bombes, après quoi l'empereur monta à cheval et revint au camp, donnant ordre qu'on montrât de près l'artillerie aux Kalkas. Quelque temps après que l'empereur fut de retour en son camp, les princesses kalkas, c'est-à-dire, quelques-unes des femmes et filles de ces empereurs et taikis fugitifs, rendirent visite à l'empereur, qui les fit entrer dans l'enclos de ses tentes, et les reçut sous son grand pavillon, où il les régala d'une collation, et de concerts d'instruments et de voix ; on fit aussi jouer les marionnettes. On me dit que ces princesses étaient accompagnées d'une espèce de religieuses, c'est-à-dire, de filles qui ne se marient point, et qui sont sous la direction des lamas. Celles-ci étaient sous la direction du Grand lama ; la principale était la sœur de Touchetou han et du lama ; les Tartares ne parlent pas trop avantageusement de la vie qu'elles mènent avec le lama son frère, qu'elles suivent partout. Le premier jour de juin l'empereur accompagné seulement de ses deux fils, de ses hias, des Grands de la cour, et des officiers de sa maison, alla au camp des Kalkas, qui était environ à deux lieues du sien ; il n'entra que dans la tente du Grand lama, qui lui offrit quelques bagatelles d'Europe, qu'il avait eu apparemment des Moscovites. L'empereur ne voulut pas