Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/342

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

que je le suivisse en cette visite ; il prétexta un calcul qu'il me donna à faire ; mais on ne me dissimula pas que la raison véritable était qu'il ne souhaitait pas que je visse la misère et la malpropreté de ces pauvres Kalkas ; j'en avais eu cependant assez de connaissance, lorsque je voyageais dans leur pays. Le 2 au matin l'empereur fit recommencer la lutte, et proposa des prix aux vainqueurs. Tous les bons lutteurs s'y trouvèrent, de même que les régulos de Peking, et tous les Grands de la cour. Ce divertissement dura près de trois heures, pendant lesquelles il y eut plus de cent personnes qui luttèrent ; douze seulement remportèrent des prix ; ils eurent chacun une pièce de satin, et une médiocre somme d'argent. L'après-midi l'empereur donna dans sa tente une audience particulière au Grand lama kalka, qui dura près de trois heures ; il accommoda dans cette audience les différends de plusieurs taikis Kalkas, qui s'étaient fait une espèce de guerre, et s'étaient enlevés les uns aux autres des esclaves et du bétail. Pour faire connaître à ses nouveaux sujets l'avantage qu'ils avaient de s'être soumis à un si bon maître, il prit la peine de régler lui-même leurs contestations de concert avec le lama qui a toute autorité parmi eux. Le 3 qui était le jour marqué pour le départ de l'empereur, il donna encore une longue audience particulière au Grand lama, dans laquelle il lui recommanda de maintenir la paix et la bonne intelligence entre les princes de sa maison, et de leur faire observer la justice et les règlements qui avaient été faits pour le bon ordre. Au sortir de l'audience, Sa Majesté donna à ce Grand lama deux de ses plus belles tentes, avec tous les meubles dont elles étaient ornées ; il lui donna de plus, un cheval avec le harnais de cérémonie, tel qu'il sert à lui seul, après quoi il monta à cheval, et décampa. Les trois empereurs et tous les taikis Kalkas se trouvèrent rangés en haie à la sortie du camp, et lorsque Sa Majesté pa(ra, ils se mirent à genoux, et prirent congé de lui. L'empereur s'arrêta quelque temps et leur parla avec beaucoup de bonté ; une grande multitude de pauvres Kalkas réduits à la dernière misère, se présentèrent aussi à genoux sur le chemin, pour implorer le secours de l'empereur. Sa Majesté donna ordre qu'on s'informât de la qualité de chacun d'eux, et qu'on leur distribuât des aumônes à proportion de leurs besoins. L'empereur avant que de partir, fit marcher un corps de troupes vers le lieu où le Grand lama tenait sa cour, avant qu'il en eût été chassé par le roi d'Eluth, parce qu'on avait appris que celui-ci y était campé avec ses troupes qui souffraient beaucoup faute de vivres. Il envoya en même temps des députés à ce prince, pour lui demander ce qu'il prétendait faire dans un pays qui ne lui appartenait pas, et s'il pensait sérieusement à tenir la parole qu'il avait donnée, de ne plus faire aucun acte d'hostilité contre les sujets de Sa Majesté, et en particulier contre les Kalkas qui venaient de se soumettre si authentiquement à sa domination. Il donna aussi ordre qu'en cas que le roi à d'Eluth marquât vouloir tenir sa parole, et s'en retourner en son pays pour y vivre paisiblement, on les traitât avec civilité ; sinon