Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/359

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il n'y en eut aucun qui approchât à la portée du fusil ; ils se contentaient de répondre de loin et faiblement, de sorte qu'il fallut encore faire des enceintes. L'empereur avait fait venir cinq cents Mongous du pays de Cortchin qui n'est pas fort éloigné du lieu où nous étions. Ils passent pour d'excellents chasseurs, et des plus habiles à faire ces sortes d'enceintes. Comme les Mongous font ces chasses à leurs dépens, et montés chacun sur leurs chevaux, l'empereur pour les fatiguer moins, les partagea en deux bandes, qui servaient tour à tour. On fit ce jour-là deux doubles enceintes ; la première et la plus intérieure était composée de ces chasseurs mongous ; la seconde était composée des chasseurs de l'empereur, c'est-à-dire, des nouveaux Mantcheoux. Ceux-ci marchaient à cinquante ou soixante pas derrière les autres, et avaient ordre de tirer le gibier qui sortirait de la première enceinte, au-dedans de laquelle il y avait encore une bande de piqueurs, lesquels avec de grandes lances, ou des espèces de hallebardes, battaient les endroits les plus épais du bois ; les chasseurs mongous ne tiraient point ; leur unique soin était d'empêcher le gibier de sortir, et de le détourner du côté de l'empereur ou de ses enfants, qui marchaient chacun en différents endroits de l'enceinte, tantôt au-dehors, tantôt au-dedans, selon qu'il était plus aisé de tirer le gibier. Quelques-uns des officiers de la suite de l'empereur suivaient Sa Majesté dans l'enceinte, et couraient çà et là, pour faire passer, autant qu'il se pouvait, le gibier devant Sa Majesté, et pour achever de le tuer, lorsque l'empereur l'avait blessé ; car il n’est permis à personne qu'à l'empereur et à ses enfants de tirer dans l'enceinte, sans un ordre exprès de Sa Majesté, qu'elle ne donne que rarement. On fit ce jour-là deux enceintes, et la chasse y fut la plus abondante que j'aie encore vu. On y tua quatre-vingt-deux grands cerfs et chevreuils. Il est difficile de voir une chasse plus agréable ; le lieu y était extrêmement propre ; l'enceinte se faisait au penchant d'une montagne toute couverte de bois jusque vers le pied, où il y avait un grand terrain assez égal, et plein seulement d'herbes et de petits coudriers, qui n'empêchaient point les chevaux de courir. Au-delà de cet espace était une montagne escarpée, en sorte que si quelque cerf se trouvait blessé en sortant du bois et dans le terrain qui était au pied de la montagne, il ne pouvait grimper celle qui était au-delà, et il était obligé de courir le long de cet espace qui se trouvait entre les deux montagnes, et d'essuyer les traits des chasseurs de l'empereur qui le gardaient ; aussi il n'y eut presque aucun cerf ni chevreuil de ceux qui se trouvèrent dans l'enceinte, qui put échapper. Comme on ne s'était pas attendu à une chasse si heureuse, les chameaux et les chevaux de charge qu'on avait amenés pour emporter le gibier, ne suffirent pas ; on fut obligé d'en envoyer chercher au camp. Les Grands de la suite de l'empereur en envoyèrent chacun un des leurs. Sa Majesté mangea, selon sa coutume, en pleine campagne, avec les mêmes cérémonies et les mêmes témoignages de bonté que les jours précédents, il fit aussi distribuer de sa chasse aux Mongous. Le 23 on fit des enceintes semblables, mais la chasse fut moins abondante ;