Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/360

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on n'y tua que cinquante, tant cerfs que chevreuils ; comme on retournait au camp, et que l'empereur revenait en chassant le long d'une grande vallée, il arriva que courant après un chevreuil, son cheval mit les pieds dans une fosse, tomba, et fit tomber l'empereur, qui ne fut pourtant pas blessé, il ne fit que changer de cheval, et il continua la chasse comme auparavant jusqu'à l'entrée du camp. Le 24 on alla à la chasse à l'ordinaire, mais elle fut beaucoup moins heureuse, car on n'y tua que peu de gibier, aussi l'empereur revint-il au camp de bonne heure. Le soir il prit et donna le divertissement de la lutte devant la tente. Le 25 on rapporta à l'empereur que la veille on avait entendu plusieurs cerfs aux environs d'un rocher, nommé Oulatai, lieu célèbre pour la chasse, parce que les environs sont pleins de petites montagnes, entrecoupées de vallées et de plaines, semées de bouquets de bois et de bocages très agréables à la vue, et si pleins de bêtes fauves, que depuis plus de douze ans, que l'empereur y vient chasser tous les ans, il ne semble pas que le gibier y soit diminué. L'empereur partit une heure avant le jour pour s'y rendre ; il tua le matin deux grands cerfs à l'appeau, après quoi on fit deux enceintes, où l'on en tua encore une très grande quantité ; l'empereur y tua neuf cerfs de sa main, après quoi il mangea en pleine campagne, coupant et préparant le foie de cerf à son ordinaire. A la fin du repas on lui vint dire, qu'on avait découvert un ours assez proche du camp, et que les Grands de sa cour en ayant été avertis, l'avaient fait environner dans le bois où il était, jusqu'à ce que Sa Majesté le vînt chasser. L'empereur monta aussitôt à cheval, et suivi de tous ses chasseurs, il se rendit au lieu où était l'ours ; il marcha toujours, faisant battre la campagne, et jetant l'oiseau sur des cailles et sur des faisans, dont le pays est plein ; il tua même un faisan en volant du premier coup de flèche qu'il tira. On arriva un peu avant le coucher du soleil au gîte de l'ours ; c'était un petit bouquet de bois fort épais, où cet animal était caché comme dans une espèce de fort. Sa Majesté en arrivant, fit battre le bois par des cavaliers ; ils avaient beau crier, frapper sur les branches, et faire claquer le fouet dont ils touchent leurs chevaux, l'ours tenait ferme dans son fort, et il n'en sortit qu'après plusieurs allées et venues dans le bois, et après avoir longtemps grogné ; enfin il descendit la montagne, et ayant enfilé un pays découvert et inégal, Sa Majesté le suivit avec ses chasseurs au trot du cheval, jusqu'à ce qu'il fût dans un lieu propre à être tiré à l'aise. Des chasseurs habiles se mirent aux deux côtés de l'ours, à quinze ou vingt pas de distance, et le conduisirent doucement jusque dans l'entre-deux des deux collines. Comme cet animal est pesant, et qu'il ne peut courir ni vite ni longtemps, il s'arrêta sur le penchant de l'une de ces deux collines ; l'empereur de dessus le penchant de la colline opposée, le tira à plaisir, et d'un seul coup de flèche qu'il lui enfonça dans les flancs, il le blessa à mort ; dès que l'animal se sentit blessée, il jeta un grand cri, et tourna la tête avec