Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/367

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mouvoir, et tirant aussitôt un second coup, il le tua tout roide. A l'instant il alla remercier l'empereur de l'honneur qu'il lui avait fait, en se prosternant neuf fois jusqu'à terre, selon la coutume. On fit ensuite une enceinte, où l'on tua plusieurs cerfs, après quoi l'empereur revint au camp sans manger à la campagne, parce que le vent était fort violent, et qu'il y avait à craindre que si l'on faisait un grand feu, comme c'est l'ordinaire en ces sortes d'occasions, le feu ne prît aux herbes déjà sèches, et ne s'étendît ensuite jusque dans les bois ; en chemin faisant il tira encore quelques faisans en volant, et prit des cailles avec l'oiseau. Le 10 l'empereur étant allé à son ordinaire dès la pointe du jour appeler le cerf, nous le suivîmes peu de temps après, avec les princes ses enfants, et la grosse troupe de chasseurs. Sa Majesté ayant passé toute la matinée à appeler le cerf, et n'en ayant tué qu'un seul, fit faire une enceinte assez vaste, où lui, ses enfants, et les chasseurs, tuèrent encore quantité de cerfs et quelques gazelles ; après quoi il mangea en pleine campagne avec ses enfants et toute sa suite, puis il revint au camp, où le bagage s'était rendu. On fit encore une petite enceinte en chemin, et on y tua quelques cerfs. Le 11 l'empereur chassa d'un côté avec les chasseurs tartares, et il donna ses chasseurs mongous à ses enfants, qui chassèrent d'un autre côté. Nous suivîmes ces jeunes princes, qui, dans deux enceintes que l'on fit le long du chemin, tuèrent dix-huit cerfs et quelques gazelles ; les autres chasseurs en tuèrent aussi plusieurs, il y eut en tout quarante cerfs de tués ; nous arrivâmes au camp avant l'empereur, qui ne tua qu'un cerf à l'appeau. Le 12 l'on continua la chasse. L'empereur appela le cerf dès le matin, il en tua deux fort grands ; les princes ses enfants le suivirent peu après, et l'on fit une enceinte, dans laquelle il se trouva un ours à peu près de la grandeur des deux précédents ; il avait fait sa bauge dans d'épaisses broussailles, et quelque mouvement qu'on se donnât, on ne put jamais l'attirer dans un lieu découvert. On lâcha plusieurs chiens après lui ; l'un desquels s'étant approché de trop près, fut mis en pièces ; on eut beau faire du bruit et battre le bois, il ne faisait qu'aller de broussailles en broussailles, s'arrêtant toujours dans les plus épaisses. Enfin l'empereur le fit tirer par son neuvième fils, qui d'un coup de fusil le blessa, et le fit fuir dans un autre endroit, où il tomba, mort d'un second coup de flèche qu'on lui tira. On continua à chasser les cerfs qui étaient dans l'enceinte, et l'on y en tua quarante-neuf ; après quoi l'empereur prit son repas au milieu de la campagne, et revint au camp fort tard. Le 13 l'empereur ayant appelé inutilement le cerf toute la matinée, fit faire une enceinte dans un lieu fameux, par la quantité de cerfs qui s'y trouvent ; on y en trouva en effet beaucoup, et nous en vîmes entr'autres sur la fin de l'enceinte un troupeau de quarante ou cinquante. On en tua cent-dix-huit, après quoi nous vînmes camper dans une vallée,