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Les Moscovites sont maîtres du bas de la rivière : ils ont bâti sur le bord opposé près des limites des deux empires, une petite place qu’ils nomment Selingeskoi, et en delà de celle-ci, la ville d’Ergouski, beaucoup plus peuplée, et autant marchande que le peut être une ville de Tartarie.

En allant de là jusqu’à Tobolsk, la capitale de la Sibérie et de la Tartarie septentrionale, on trouve de distance en distance des places et des villages, où l’on peut loger assez commodément, et ce n’est qu’en deçà du Selingué sur les terres de cet empire, qu’on est obligé d’habiter et de vivre à la manière tartare, presque jusques à l’entrée de la grande muraille.

Le Touy pira roule des eaux aussi claires et aussi saines que le Kerlon : il arrose des plaines aussi fertiles que celles qui sont autour de Toula, et après avoir coulé assez loin, il se perd dans la terre, près d’un petit lac sans en ressortir, et sans reparaître nulle part.

La nation des Kalkas a grand nombre de princes, et est comme divisée en cantons. Quelques-uns ont eu le nom de Han, c’est-à-dire, d’empereur ; quoiqu’il soit certain qu’ils n’ont jamais été maîtres de toute la Tartarie, mais seulement des terres appartenantes à leur maison et à quelques autres tout à fait voisines et peu considérables.

Avant la guerre, qui s’alluma en l’année 1688 entre les Tartares Eluths et les Kalkas, ceux-ci avaient encore trois princes qui prenaient le nom de Han. L’un d’eux nommé Chasactou han était le plus avancé vers l’ouest : il fut pris et tué par les Eluths. Le second appelé Tousictou han prit la fuite, sans être suivi de la plupart de ces gens, qui se retirèrent dans les bois, que nous avons dit être au-delà de la rivière de Toula. Le troisième qui se nomme Tche tchin han accoutumé à camper près de Kerlon, se retira suivant la rivière jusqu’à Coulon nor, et était prêt à passer l’Ergoné, s’il se voyait forcé d’entrer dans les terres soumises aux Mantcheoux dont il implorait l’assistance.

Après la guerre et la mort du prince Caldan roi des Eluths, qui prétendait que les Kalkas et leurs Han avaient toujours relevé de sa famille, l’empereur se trouva le maître de ce qui restait de ces princes et des peuples de cette nation, massacrés en partie par ce cruel ennemi.

L’an 1691 Tche tchin han avec les princes Kalkas de sa maison, qui avaient eu recours à Sa Majesté, l’avaient reconnu pour leur premier souverain à des conditions assez honorables, eu égard à l’état où ils se trouvaient réduits. Le Han fut confirmé dans la dignité, à condition qu’elle ne passerait pas à son successeur, et qu’il se contenterait de celui de tsing vang, c’est-à-dire, Régulo du premier ordre, ainsi que son oncle, qui dès le même jour fut revêtu de cette dignité par l’empereur, qui tenait les États de Kalka. Cinq autres furent faits pei le, c’est-à-dire, Régulos du troisième ordre ; un autre fut fait cong, ce qui est à peu près la même chose que comte. Deux furent faits chassac, c’est-à-dire, chefs d’étendards ou de bannières.

Pour entendre ceci, il faut supposer que les Tartares, soit à Peking, soit