Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/370

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demeuré malade dans un village, à cent lys au-delà du lieu où nous avions campé ce jour-là, et son père, oncle de l'empereur, et capitaine des hias, ou mandarins de la garde, étant demeuré avec lui, envoya dire à Sa Majesté que la maladie était devenue dangereuse, et que le médecin chinois qui était resté auprès du malade par ordre de Sa Majesté, ne savait plus quel parti prendre, qu'ainsi il suppliait Sa Majesté de lui envoyer quelque médecin d'Europe. L'empereur qui aimait extrêmement cette famille, envoya aussitôt tout ce qu'il avait de remèdes d'Europe, afin qu'on choisît ceux qui seraient propres à son mal ; c'était une fièvre maligne qui le réduisit bientôt à l'extrémité. Ce jour-là nous fîmes encore environ 60 lys, toujours dans des vallées arrosées de la même rivière que les précédentes. L'empereur pendant tout le chemin tira des lièvres en courant, et des faisans au vol, et il en tua plusieurs. Quand il se fut rendu au lieu destiné pour camper, en attendant que son bagage arrivât, il alla se reposer dans la maison d'un de ses métayers qui cultive les terres qu'il a aux environs, et il s'informa curieusement des gens du pays de la récolte de cette année ; il voulut même voir des grains de chaque espèce qui croissent dans le pays. Le 18 comme on était prêt de partir, un exprès dépêché à l'empereur, lui rapporta que les Pères, en arrivant auprès du beau-frère de Sa Majesté, l'avaient trouvé à l'extrémité, sans parole et presque sans sentiment, et qu'il n'y avait plus aucune espérance dans les remèdes ordinaires. L'empereur envoya en poste des remèdes des pauvres que je lui avais donnés, et dont il a éprouvé la vertu en plusieurs occasions, mais ils arrivèrent trop tard, le malade était prêt d'expirer ; on lui donna pourtant deux prises de poudre blanche, qui lui rendit un peu de mouvement, on entendit je ne sais quel frémissement d'entrailles, qui semblaient vouloir le provoquer au vomissement, mais il n'en eut pas la force, et il mourut peu après. Ce jour-là l'empereur fit faire deux enceintes sur la route que nous tenions dans des montagnes extrêmement roides et difficiles à tenir ; il y tua quatre cerfs de sa main, les chasseurs en tuèrent aussi quelques autres. Nous vînmes camper à Ngan kia tun. Le 19 nous campâmes à Kou pe keou ; un peu avant que d'y entrer, l'empereur apprit la mort de son beau-frère ; il en témoigna beaucoup de regret, et il renvoya sur le champ en poste deux de ses officiers qui lui étaient venus apporter cette triste nouvelle, pour consoler son oncle de sa part ; il dépêcha en même temps un autre de ses beaux-frères, qui est comte et grand du palais avec plusieurs hias, pour conduire le corps du défunt à Peking. Sa Majesté trouva toute la milice qui garde cette porte de la grande muraille rangée dans la plaine, mais sans autres armes que l'épée, ils se mirent à genoux, aussi bien que leurs officiers, durant que Sa Majesté passa ; ce jour-là, au matin, l'empereur m'envoya à trois diverses reprises des plats de sa table, et je sus que la veille il avait parlé de moi en présence de ses domestiques d'une manière fort obligeante, se louant surtout de l'affection que je marquais à son service, et de mon attachement pour sa personne. Le 20