Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/369

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pour montrer aux grands de sa cour les tigres qu'on venait de tuer ; ils étaient tous deux mâles, et des plus grands qui se voient. Quand on les examina de près, on trouva qu'ils étaient tous deux blessés en divers endroits, non seulement des coups de fusil qu'on leur avait tiré, mais encore de coups de dents et de griffes qu'ils s'étaient donnés l'un à l'autre en se battant ; ce qui arrive assez souvent aux mâles lorsqu'ils se rencontrent, et qu'ils sont de forces à peu près égales. L'empereur les fit écorcher, et en fit donner les ongles au chirurgien de Macao, qui les avait demandés ; sur ce que, disait-il, ils étaient bons à faire connaître, si les enfants sont frappés d'une certaine maladie qu'il appelait vent, et qui est fort dangereuse. Il disait, que lorsque les enfants pleurent, et ne veulent point prendre de lait de leurs nourrices, on leur met sur le ventre un ongle de tigre, et que si la maladie de l'enfant est de vent, il se lève une espèce d'écorce de cet ongle ; il prétendait aussi que l'ongle du tigre entre dans la composition d'un onguent, propre à guérir les écrouelles, ce que je ne garantis pas. Le même jour les cinq cents chasseurs mongous, sujets du régulo de Cortchin furent renvoyés en leur pays. L'empereur les fit régaler avant leur départ de quantité de viandes, et leur fit distribuer de l'argent, de la toile, et du thé ; et à leurs officiers et taikis, des habits, et des pièces de soie, plus ou moins, à chacun selon son rang. Le 15 nous marchâmes le long d'une grande vallée, qui était pleine de faisans et de perdrix. L'empereur vint toujours en tirant des faisans au vol, il en tua, ou blessa plus de deux cents. Les oiseaux de proie en prirent quelques-uns, mais on en prit sans comparaison davantage à la main, lorsqu'ils étaient lassés de voler ; on tua aussi quelques lièvres que l'on fit lever en marchant. Lorsqu'on fut arrivé au lieu où l'on devait camper, comme il n'était que midi, et que les tentes n'étaient pas encore arrivées, l'empereur alla avec peu de suite dans les montagnes voisines appeler le cerf, mais comme pas un ne répondit à l'appeau, Sa Majesté revint de bonne heure au camp, où après avoir mangé, il se divertit à faire lutter quelques-uns de ses gens en présence de toute la cour ; ceux qui se signalèrent, furent gratifiés d'une somme d'argent. Le 16 nous marchâmes encore le long d'une vallée assez large, et cultivée en plusieurs endroits ; l'empereur chassa sur sa route aux lièvres, et tua plusieurs faisans en volant, et des lièvres en courant, la plupart à coups de flèche. Il en tua aussi quelques-uns à coups de fusil de dessus son cheval ; on fit environ 50 ou 60 lys, et on campa dans une plaine où Sa Majesté passa le temps à tirer de l'arc, en attendant que son bagage fût arrivé. Le 17 avant que de partir, l'empereur envoya les deux Pères et le chirurgien qui étaient venus à la suite de son neuvième fils, visiter un de ses beaux-frères, frère de l'impératrice dernière morte, et qui était en un même temps son cousin germain du côté de sa mère. Ce jeune seigneur était