Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/375

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chevaux, ses chameaux, et ses esclaves fussent distribués aux valets d'écurie qui sont à sa suite, que tous ses biens fussent confisqués, et son corps jeté dans la campagne, sans sépulture, pour en faire un exemple. Le 11 nous fîmes trente lys, toujours droit au nord, dans une vallée large comme la précédente, et nous vînmes camper proche d'un bourg fermé de murailles, comme les précédents, nommé Touchitchin. Le temps fut fort beau tout le jour, quoiqu'un peu couvert de nuages. Le soir nous prîmes la hauteur du pôle par l'étoile polaire ; elle était de 41 degrés 36 minutes, de sorte qu'ajoutant cinq minutes pour les dix lys qui restent à faire au nord, jusqu'à la porte de la grande muraille, la hauteur du pôle de cette porte sera de 41 degrés 41 minutes. Le 12 nous fîmes quarante lys droit au nord. Après en avoir fait dix, nous passâmes la grande muraille par une porte bâtie au milieu d'une gorge de montagnes, qui n'a pas deux cents pas de largeur. La muraille est assez entière vers le bas ; mais elle est presque toute ruinée sur le penchant des montagnes qui sont des deux côtés, sans qu'on se mette en peine d'y faire aucune réparation. Nous fîmes le reste du chemin au-delà de la muraille dans la Tartarie, et où le pays commence à être beaucoup plus découvert, car il n'y paraît plus que des collines ou des montagnes fort petites, qui vont en s'éloignant les unes des autres du côté de l'est et de l'ouest ; et du côté du nord, c'est un plat pays à perte de vue.

Nous campâmes proche d'une petite rivière, nommée Soihou, en un lieu qui s'appelle Tchilonpalhaton ; ce pays est plein de fort bons pâturages, aussi est-il destiné pour l'entretien des troupeaux de l'empereur, mais il y fait si froid, que les lieux marécageux que l'on y trouve en assez grand nombre, étaient encore glacés si fortement, que ni les chevaux, ni les chameaux, ni même les charrettes bien chargées n'y enfonçaient presque point. Le temps fut fort beau tout le matin, mais après midi il s'éleva un vent de sud-ouest si violent, que c'était une vraie tempête, contre laquelle on eut assez de peine à défendre nos tentes, pour les empêcher d'être renversées ; le ciel fut couvert jusque vers le soir, et il tomba un peu de pluie. Ce jour-là l'empereur fit publier un ordre qui portait, que tous ceux de la suite ne feraient désormais qu'un repas par jour, et qu'ils se lèveraient deux heures avant le jour, afin de charger le bagage à temps, pour partir à la pointe du jour. Le 13 nous fîmes 60 lys droit au nord, dans un pays toujours presque semblable, c'est-à-dire, plein de fort bons pâturages, mais encore plus découvert. Nous vînmes camper en un lieu nommé Nohai hojo, proche d'une petite rivière qu'on appelle Chantou, qui serpente dans cette plaine, mais qui a son principal cours de l'ouest à l'est ; il n'y a pas un arbre dans tout le pays que nous avons traversé, depuis que nous avons passé la grande muraille. Le temps fut, à l'ordinaire, fort froid le matin, mais fort tempéré tout le reste du jour. L'empereur