Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/387

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la vieille, mais il n'y avait point d'eau, jusqu'au lieu où nous campâmes, qui s'appelle Ongon elezou, où il se trouva une mare d'eau pleine de nitre ; on y avait fait plusieurs puits, quelques-uns donnèrent de l'eau assez douce ; nous campâmes dans la plaine, à l'orient de plusieurs hauteurs de sables mouvants, où il y avait des broussailles en quantité, qui servirent au feu de la cuisine. Le temps fut un peu couvert le matin, mais peu froid, quoiqu'il fît un grand vent de sud-est, qui tourna insensiblement à l'est, et ensuite au nord-est. Ce vent dissipa les nuages, et le temps fut serein depuis les huit heures du matin jusqu'au soir ; le vent diminua beaucoup vers le midi ; mais il en resta assez pour tempérer la chaleur, qui sans cela aurait été fort grande. Le 19 nous séjournâmes, pour laisser reposer l'équipage, et le disposer à faire la journée suivante, qui devait être fort grande. Ce jour-là l'empereur envoya son fils aîné, accompagné de So san laoyé, l'un des premiers seigneurs et des principaux ministres de l'empire, pour commander l'avant-garde, qui était de six à sept mille soldats, avec défense pourtant de s'engager à aucun combat avec les ennemis sans ordre exprès, quand bien même ils présenteraient la bataille ; mais de se tenir simplement sur la défensive, en attendant qu'ils fussent joints par le reste de l'armée. Sa Majesté alla aussi ce jour-là visiter tous les quartiers qui étaient aux environs du sien. Le temps fut serein tout le jour, presque sans aucun vent, et fort chaud pour la saison, vu principalement le grand froid qu'il avait fait les jours précédents ; cependant après le coucher du soleil l'air se rafraîchit, et la nuit fut froide. Le 20 nous fîmes cent-vingt lys, presque droit au nord ; le chemin était découvert, avec de petites hauteurs de temps en temps, sur lesquelles il y avait des pierres remplies de paillettes luisantes. C'était des pierres de talc. Sur tout le chemin nous ne trouvâmes point d'eau, excepté une petite mare, qui n'aurait pas suffi pour la centième partie de notre équipage. C'est ce qui nous obligea à faire une si longue traite. Nous campâmes au nord d'une grande plaine, nommée Sibartaï, ou Sibartou, proche d'un marais où il y avait un peu d'eau. On y avait creusé quantité de puits, on y en fit encore de nouveaux, et on y trouva de l'eau fort fraîche, et qui n'avait pas trop mauvais goût, cependant elle n'était pas saine ; les puits qu'on avait faits étaient presque tous creusés dans la glace ; la terre n'était dégelée qu'environ à un pied et demi de la surface. Le temps fut fort chaud tout le jour, calme jusqu'à midi, qu'il s'éleva un vent de nord-est, qui devint fort violent et remplit l'air de vapeurs ; l'air avait été fort serein jusque-là. Le vent continua toute la nuit et fut violent. Le 21 nous séjournâmes, pour donner le loisir à l'équipage de se reposer. Le vent de nord continua à être fort violent tout le jour. Sur le soir il tomba un peu de pluie, qui abattit la force du vent, en sorte qu'il ne fut plus que médiocre à l'entrée de la nuit.