Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/386

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chaud et serein tout le jour ; vers midi il s'éleva un petit vent de nord-ouest qui tempéra la chaleur. Ce jour-là il arriva au camp un officier d'un des puissants régulos mongous, qui sont soumis à l'empereur ; le régulo l'avait envoyé au roi d'Eluth, par ordre de Sa Majesté, faisant semblant de vouloir se joindre contre les Mantcheoux. Cet officier eut aussitôt audience de l'empereur, auquel il remit la réponse que le roi d'Eluth avait faite à la lettre qu'il lui avait portée de la part de son maître. Par cette réponse le roi d'Eluth exhortait ce régulo de se joindre à lui promptement, il lui promettait de s'avancer incessamment à la tête de ses troupes, et il l'assurait que soixante mille soldats moscovites devaient se réunir à son armée ; qu'au reste s'ils défaisaient l'armée des Mantcheoux, ils iraient ensemble droit à Peking, pour s'en emparer ; et il lui promettait de partager avec lui l'empire, s'ils le conquéraient ensemble. Cet envoyé ajouta que le roi d'Eluth lui avait donné une audience très gracieuse, que c'était une homme de taille au-dessus de la médiocre, maigre de visage, et qui paraissait avoir cinquante ans ; l'empereur fit donner cent taëls de récompense à cet envoyé, et parut fort content des nouvelles qu'il lui avait apportées. Le 17 nous séjournâmes, pour laisser passer les troupes qu'on avait résolu de faire marcher à l'avant-garde, savoir trois mille hommes d'infanterie chinoise, et tous les mousquetaires des huit étendards qui sont dans cette armée au nombre de deux mille ; ces deux corps, avec huit cents hommes de gendarmerie choisis, et huit cents chevaux mongous, devaient composer l'avant-garde de notre armée, avec une grande partie de l'artillerie. Les troupes des trois premiers étendards, avec tous les gardes et officiers de la maison de l'empereur, et un grand nombre de volontaires, devaient former le corps de bataille, que Sa Majesté devait conduire en personne, ayant sous lui trois de ses enfants, et un régulo avec les principaux grands de l'empire. L'arrière-garde devait être composée des troupes des cinq autres étendards, chacun ayant à leur tête les régulos, et deux des enfants de l'empereur qui en sont les chefs. Les troupes de l'avant-garde défilèrent ce jour-là en présence de l'empereur. Le temps fut serein et fort chaud tout le jour, n'ayant presque point fait de vent. Ce jour-là, étant sorti de l'enceinte du camp par la porte du nord, je vis une espèce d'arbre, ou plutôt un mât, dressé sur une hauteur assez proche du camp. Ce mât avait des chevilles de distance en distance qui servaient d'échelons pour y monter ; au-dessus étaient deux espèces de paniers, et au bas un corps de garde. On me dit que la nuit il y avait des sentinelles sur cet arbre pour découvrir de plus loin. Le 18 nous fîmes 70 lys au nord-nord-ouest ; le pays que nous traversâmes, était le plus uni et le plus découvert que nous eussions trouvé sur toute la route, il y avait même en plusieurs endroits d'assez bons fourrages, et l'on voyait presque partout la nouvelle herbe pousser parmi