Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/393

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l'on avait aperçu des gardes avancées des ennemis, il n'y avait trouvé aucun vestige de campement ni de marche de troupes. L'empereur fit partir deux officiers, qu'il dépêcha au roi d'Eluth, avec des présents, lesquels consistaient en deux cents taëls d'argent, dix pièces de brocard de la Chine, et d'étoffes de soie, des habits de brocard, et des fruits, avec une lettre que Sa Majesté lui écrivait. On fit partir avec eux deux cents cavaliers choisis de l'avant-garde, quatre officiers de confiance, et un officier mongou, qui leur servait de guide, jusqu'au lieu où l'on disait qu'était l'avant-garde de l'armée d'Eluth. Leur ordre portait, qu'aussitôt qu'ils apercevraient les gardes avancées, ils n'allassent pas plus loin, mais qu'ils laissassent aller les deux envoyés ; qu'au cas qu'ils ne rencontrassent point l'ennemi au lieu marqué, ils revinssent sur leurs pas, et que les envoyés s'avanceraient le plus qu'ils pourraient sans être découverts ; enfin que s'ils découvraient quelques corps des Eluths, ils renvoyassent l'officier mongou qui leur servait de guide, et qui avait ordre de revenir à toute bride. L'empereur ordonna de plus, qu'en renvoyât avec ces députés les quatre soldats Eluths qui avaient été faits prisonniers, et il leur fit donner à chacun un habit de brocard, et une pièce de soie. Ces pauvres gens en furent très surpris, car ils s'attendaient plutôt à perdre la vie qu'à recevoir une semblable faveur ; il y eut pourtant parmi eux un vieillard qui ne parut pas fort content. Il craignait que ces bienfaits ne les rendissent suspects à leur prince, et qu'il ne s'imaginât qu'ils avaient révélé le secret de son entreprise. Dans la lettre que l'empereur écrivait au roi d'Eluth, il lui faisait entendre, qu'il était venu mettre fin à la guerre, qui désolait depuis si longtemps les Kalkas et les Eluths, que s'il voulait la terminer à l'amiable et le venir trouver, ou envoyer des députés en quelque lieu déterminé, il était prêt de l'écouter, ou d'y envoyer aussi ses députés, qu'autrement il serait forcé d'en venir à un combat. Le 3 comme on allait charger le bagage, vers les deux heures du matin, il s'éleva un vent de nord froid et violent, qui ramenant les nuages, qu'un vent de sud-ouest avait poussés au nord-est, fit tomber un peu de pluie ; ce qui fit résoudre l'empereur de faire encore séjourner l'équipage, de peur qu'il ne souffrît trop. Le vent du nord dissipa les nuages, l'air redevint serein jusqu'au soir ; mais le vent dura toujours fort grand, quoique moins violent après midi qu'il n'avait été le matin ; cependant on fit partir, toute l'infanterie, les mousquetaires et les gendarmes de l'avant-garde, et la plus grande partie de l'artillerie. Le 4 nous fîmes soixante lys, partie au nord-est, partie à l'est-nord-est ; nous en fîmes bien trente entre des collines pleines de pierres et de roches, semblables à celles du jour précédent. Le reste fut aussi presque toujours de sable mêlé de terre, où il y avait en quelques endroits du fourrage assez passable. Nous campâmes dans un lieu, nommé Idou tchilou irou poulac, à vingt lys d'un lieu qu'on appelle Talan