Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/394

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

poulac, où nous devions camper ; mais on apprit qu'une mare d'eau sur laquelle on avait compté, était toute desséchée. Nous trouvâmes une fontaine, proche de laquelle on fit plusieurs puits ; cependant on fut obligé d'aller chercher de l'eau aux environs pour abreuver les bestiaux. Le temps fut serein tout le jour, mais accompagné d'un grand vent de nord si froid, que j'avais de la peine à le souffrir le matin, quoique je fusse vêtu d'une double veste de peau. Le vent cessa seulement sur le soir vers le coucher du soleil. Le 5 nous fîmes quatre-vingt-dix lys. Les vingt premiers au nord-ouest, et le reste droit au nord ; les cinquante ou soixante premiers lys, le terrain était assez inégal, excepté dans une vallée fort étroite, le long de laquelle marcha le bagage, pendant que les troupes défilaient sur les côtés par escadrons ; ensuite nous entrâmes dans une grande plaine, longue de plus de quarante ou cinquante lys, et qui en avait bien dix de largeur ; elle était bordée à l'est et à l'ouest de petites montagnes, plus hautes que la plupart des collines que nous avions rencontrées jusque-là, mais sans aucun arbre, ni aucun buisson. Il y avait d'assez bons fourrages. Le feu avait pris dans les herbes sèches d'une partie de la plaine, et du penchant des hauteurs qui étaient à l'ouest, et il n'était pas encore éteint lorsque nous y passâmes. Nous vînmes camper à quelques lys d'une petite chaîne de montagnes qui termine la plaine du côté du nord, en un lieu nommé Roucoutchel, aux environs duquel il y avait partout d'assez bons fourrages et de l'eau. Un peu avant que d'arriver au camp, trois cavaliers du nombre des deux cents, qui avaient accompagné les deux officiers envoyés au roi d'Eluth, rapportèrent que le jour précédent qu'ils se trouvaient proche de la rivière de Kerlon, ils n'aperçurent aucune trace des ennemis ; qu'ils campèrent et renvoyèrent leurs chevaux aux pâturages ; que le lendemain à la pointe du jour, une troupe de huit cents ou mille Eluths vinrent enlever leurs chevaux, et blessèrent trois ou quatre valets à coups de mousquet, et qu'ensuite ils attaquèrent leur troupe, qui avait à peine eu le temps de prendre les armes, et d'aller secourir ceux qui gardaient leurs chevaux à la vue de leur camp ; qu'il y eut d'abord quelques blessés de part et d'autre ; mais que quelques-uns de nos officiers s'étant avancés, et ayant crié qu'ils ne venaient pas pour combattre, mais pour amener des envoyés de l'empereur à leur roi, avec des propositions de paix, on fit halte de part et d'autre ; et que deux officiers de nos gens s'étant avancés pour remettre les deux envoyés entre les mains du Commandant des Eluths, ils furent aussitôt investis d'une troupe de soldats Eluths, qui les dépouillèrent tout nus ; qu'ils en voulaient faire autant aux envoyés ; mais que le Commandant, nommé Tannequilan, s'y était opposé, avait reçu les deux envoyés et les quatre prisonniers eluths, et qu'après s'être informé des troupes qui venaient, et avoir appris que l'empereur venait en personne, et n'était qu'à dix ou douze lieues avec son armée, ils laissèrent aller les deux officiers, mais sans leur rendre ni leurs habits, ni les