Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/398

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fort chaud, jusque vers les deux heures après midi, qu'il s'éleva un grand vent de nord-est, qui amena des nuages. Il fit quelques coups de tonnerre, et il tomba quelques gouttes de pluie, ce qui rafraîchit le temps, qui devint serein du côté de l'est, mais qui demeura couvert du côté de l'ouest, jusqu'à la nuit qu'il redevint serein. Ce jour-là, un Eluth vint se rendre au camp de l'empereur. Le sujet de son mécontentement venait de ce que sa femme et ses enfants lui avaient été enlevés, il y a six ans, après la bataille qui se donna contre les troupes de l'empereur. Il se disait fils d'un des Grands de la cour des Eluths, et en effet il fut reconnu pour tel, par quelques officiers Eluths qui s'étaient donnés à l'empereur quelques années auparavant. Sa Majesté avait dessein de le renvoyer, mais il pria qu'on le reçut au service de l'empereur, qui lui fit donner un habit de Mantcheou. Il rapporta que le roi d'Eluth était campé peu de jours auparavant sur les bords de la rivière de Kerlon, à trente ou quarante lys de notre camp, et qu'ayant appris que Sa Majesté venait à la tête de ses armées, il s'était retiré en diligence, et avait remonté la rivière de Kerlon, qu'il ne pouvait être alors qu'à deux ou trois cents lys de nous. Sur ce rapport qui paraissait d'autant plus vraisemblable, qu'en effet tout ce qu'il y avait eu de soldats Eluths aux environs du lieu où nous étions campés, avaient disparu, et qu'on voyait partout des vestiges de leurs campements, on résolut d'envoyer toute la cavalerie des Mongous, qui montait à trois mille hommes, accompagnée de trois cents gendarmes choisis de l'avant-garde, et commandée par les régulos et taikis mongous de la suite de l'empereur, pour poursuivre les ennemis en diligence ; on les fit partir dès le soir même, avec ordre de marcher toute la nuit. Le 9 nous fîmes 70 lys, au sud-ouest, toujours en remontant le long de la rivière de Kerlon, dans les plaines qui la bornent, et qui sont parfaitement unies, et presque partout remplies d'excellents fourrages, dont une partie avait été consumée par les Eluths ; nous vîmes leurs traces toutes récentes ; car après avoir marché trente ou quarante lys, nous traversâmes le lieu où ils avaient campé depuis peu de jours. Ce campement occupait environ trente ou quarante lys, le long des deux bords de la rivière. On voyait bien qu'ils s'étaient étendus en plusieurs petits camps, pour avoir la commodité des fourrages. Nos gens ramassèrent même plusieurs choses qu'ils avaient abandonnées en décampant, apparemment pendant la nuit, et à la hâte, mais ce n'était que des guenilles ou de misérables ustensiles ; nous vînmes encore camper sur les bords de la rivière dans la plaine. Les montagnes s'étendent toujours au-deçà et au-delà de la rivière ; mais elles ne sont pas fort hautes, et la plaine a toujours cinq ou six lieues de largeur. Le temps était fort serein le matin ; mais un peu après le soleil levé il s'éleva un vent de sud-est, qui remplit l'air de nuages çà et là. Le vent fut violent jusque vers le midi, qu'il tomba quelques gouttes de pluie, après quoi le vent diminua, et le temps fut assez beau le reste du jour.