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Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/400

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L'empereur ayant trouvé une vieille femme sur le chemin, que les ennemis avaient laissée, et qui n'avait rien pris depuis trois jours, lui fit donner à manger, et ordonna qu'on eut soin d'elle. Elle dit que les chefs des troupes du roi s'étaient brouillés avec ce prince, et que quelques-uns d'eux ayant pris le dessein de se rendre à l'empereur, le roi avait découvert leur projet, les avait fort maltraités, et les avait fait charger de fers. Elle dit aussi que le roi d'Eluth avait fort peu de troupes, et qu'il s'enfuyait avec précipitation ; mais cette bonne vieille qui parlait beaucoup, ne savait guère ce qu'elle disait. Nous campâmes au-delà de la rivière de Kerlon, proche de deux montagnes, dont celle qui est au nord, s'appelle Tono ; celle qui est à l'occident, s'appelle Suilhitou. Le temps fut serein tout le jour, froid le matin, et quelque temps après le soleil levé, fort tempéré, chaud après midi, quoiqu'il fît un grand vent de sud-ouest, qui dura jusqu'au soir. L'empereur s'étant informé ce jour-là de ce qui restait de vivres, et de l'état des chevaux, il apprit que le riz manquait déjà à la plupart des soldats, et que presque tous les chevaux étaient fort las. Il jugea que ce serait fatiguer inutilement son armée, que de poursuivre plus loin les ennemis, qui avaient pris les devants, et fuyaient en diligence. Sur quoi il fit assembler un Conseil général, où il fut résolu qu'on choisirait un détachement des meilleurs cavaliers, avec l'artillerie légère, pour suivre et atteindre l'ennemi, et que l'empereur, avec le reste de l'armée, retournerait vers le lieu où il avait ordonné qu'on amenât les vivres. Cet endroit n'était qu'à quatre journées du lieu où nous étions, en prenant un chemin de traverse. Suivant cette résolution, l'empereur nomma un général, et des lieutenants-généraux pour commander le détachement, qui, joint aux troupes des Mongous, ne montait guère qu'à cinq ou six mille chevaux. La plupart des princes, et des principaux officiers demandèrent à être de ce détachement, mais on ne l'accorda qu'à peu de ceux qui n'avaient pas été commandés. Le 12 le détachement partit à la pointe du jour, et marcha du côté où se retirait le roi d'Eluth, toujours en remontant la rivière de Kerlon ; un peu après, l'empereur retourna sur ses pas avec le reste de l'armée. Nous campâmes à quatre ou cinq lys de Kairé hojo, d'où nous étions partis le jour d'auparavant. Le temps fut serein tout le jour, fort chaud depuis les huit heures du matin jusqu'à midi ; après midi il fit un vent d'ouest très violent jusqu'au soir. Le 13 nous fîmes cent lys, droit à l'est, partie dans des collines, montant et descendant souvent, partie dans des vallées environnées de collines. Nous repassâmes d'abord le Kerlon, et jusqu'à quelques lys au-delà les fourrages étaient assez bons, ensuite ce n'était plus qu'une terre sablonneuse où il n'y avait que peu de mauvais fourrages. Nous ne trouvâmes