Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/429

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ou Cha ho tching. Il y a bien trois ou quatre cents maisons, et quantité de boutiques. C’est un lieu de commerce. Les Mongous y viennent vendre leurs denrées, et acheter les choses dont ils ont besoin. Il y a environ mille soldats chinois, cavalerie et infanterie, à la garde de la ville et de la porte de la grande muraille, commandés par un fou tsiang ou lieutenant-colonel. Ces soldats, avec leurs officiers à la tête, se trouvèrent rangés sous les armes en dehors la grande muraille, des deux côtés du grand chemin. Le temps fut serein, mais il fit un vent d'ouest prenant un peu du nord, très violent et très froid ; quoique nous l'eussions à dos, et que nous fussions vêtus de trois ou quatre fourrures, nous en étions pénétrés, en sorte que la plupart aimaient mieux marcher à pied qu'à cheval. L'empereur campa sous ses tentes, sur le bord de la rivière de Ta ho ; mais la plupart des gens de sa suite allèrent loger dans la ville et dans les maisons d'alentour. Le 31 nous ne fîmes que vingt lys, au sud et au sud-est, et nous vînmes coucher dans une autre ville, nommée Yeou ouei, une fois aussi grande que Cha ho tching. Depuis trois ans l'empereur y a mis garnison tartare, qu'il a tirée des huit étendards de Peking. Il y a cinq mille soldats avec un général, des lieutenants, et d'autres officiers généraux. L'empereur leur a fait bâtir des maisons pour les loger, eux et leurs familles. Une partie des maisons des soldats est dans la ville, la plus grande partie est au-dehors, en s'avançant vers la grande muraille, et elles s'étendent à près d'une lieue. Chaque soldat a trois petites chambres avec une cour, et les officiers à proportion. Ces maisons sont toutes de briques et couvertes de tuiles. L'empereur a, dit-on, dépensé cinq ou six millions à construire ces maisons ; les soldats ont la même paye que ceux de Peking. La plus grande partie de cette garnison composait l'armée de Fian gou pé, qui défit cet été les Eluths. Comme l'empereur avait fait défendre au commandant de faire monter ses gens à cheval, et de les faire mettre sous les armes, ils attendirent tous l'empereur sur le bord du grand chemin, le long de leurs maisons, ayant seulement l'épée au côté, et leurs officiers à leur tête ; ils se mirent à genoux dès qu'ils aperçurent l'empereur, selon la coutume. L'empereur alla loger à l'hôtel du général. C'est une grande maison, bâtie aux frais de Sa Majesté, à la manière chinoise. Tous les gens de sa suite se logèrent dans la ville comme ils purent. Le temps fut à peu près semblable à celui du jour précédent, avec le même vent et le même froid. Le premier jour de l'année 1697 qui était le neuvième de la douzième lune chinoise, nous séjournâmes à Yeou ouei. Le temps fut serein tout le jour, mais le vent fut moins violent, et le froid un peu moins rude. Le 2 nous fîmes soixante-dix lys, presque toujours droit à l'est, dans un pays plus découvert et moins inégal que les jours précédents, et dont le terrain est beaucoup meilleur, cependant nous passâmes quelques petites