Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/428

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on n'en voit plus que les murailles de terre, qui sont ruinées en bien des endroits. On trouva dans cette vallée quelques lièvres, et beaucoup de faisans et de perdrix. L'empereur vint toujours en chassant, et en tua plusieurs ; nous campâmes environ à dix ou quinze lys à l'est des restes de cette ville, qui s'appelait Oulan palasson, et en chinois, Hung tching. La nuit fut extrêmement froide, et le matin aussi, ensuite le froid diminua, le temps s'étant couvert, et ne faisant presque point de vent. Le 29 nous fîmes 45 lys à l'est, prenant quelquefois un peu du nord, et quelquefois un peu du sud, suivant la même vallée où nous avions campé. Environ vingt lys au-delà, nous entrâmes dans des montagnes, où nous marchâmes encore vingt lys, et ensuite nous campâmes dans une vallée, en un lieu nommé Kiliké, ou Simtnyr petcha. Le temps fut serein tout le jour, avec un vent de nord médiocrement fort, mais si froid, qu'il gelait le visage ; de sorte qu'il fallait à tous moments se le frotter avec les mains. L'empereur était cependant vêtu plus légèrement que personne de sa suite, et il fit admirer sa force et sa patience à supporter le froid. Le 30 nous fîmes soixante lys à l'est, prenant quelquefois un peu du grande sud ; environ la moitié fut dans un pays assez découvert quoiqu'inégal. Le reste fut presque toujours en montant et en descendant. Nous passâmes et repassâmes plusieurs fois une petite rivière, toute glacée, qui coule dans ces montagnes, et va se perdre dans le Hoang ho ; c'est, me dit-on, la même que nous avions vue les deux jours précédents ; elle s'appelle Ta ho ou Yang ho. Nous campâmes au pied de la grande muraille en-dedans, après l'avoir passée par une porte, nommée Cha hou keou, et par les Tartares Chourghetouka ; les briques et les pierres de la porte sont toutes tombées, il n'y a plus là qu'une muraille de terre, qui encore n'est pas fort haute, et est éboulée en bien des endroits. On me dit que cette muraille avait été ainsi ruinée par le débordement des eaux, et qu'encore que la rivière de Ta ho, qui passe en cet endroit, soit fort petite, elle s'enfle tellement dans les grandes pluies, par les eaux qui coulent des montagnes, et viennent s'y jeter, qu'elle inonde souvent tout le pays, et entraîne tout ce qu'elle trouve ; elle va se jeter dans le Hoang ho. Je n'ai point vu d'endroit où la grande muraille soit en si mauvais état. L'entrée de la Chine y est très facile ; cependant on n'y fait aucune réparation. Il est vrai qu'il se trouve des détroits dans les montagnes que nous passâmes pour arriver à cette porte, mais comme ces montagnes ne sont la plupart que de terre et de sable sans bois, et sans roche, il ne serait pas difficile à une armée de les passer. Proche de la grande muraille il y a des maisons, où demeurent les soldats chinois qui y font la garde ; il y en a aussi en-dedans, et à deux lys environ, il y a un gros bourg ou petite ville fortifiée à la manière des Chinois, de bonnes et de hautes murailles, revêtues d'un cordon de pierres par le bas ; le reste est de briques. Cette ville s'appelle Chahoupou,