Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/44

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Il y a dans la Tartarie une infinité d'animaux à chasser : ceux même qui sont communs dans l'Europe, sont là presque innombrables. Cette quantité surprenante de lièvres, de faisans, et de cerfs qu'on voit tous les hivers à Peking, dont non seulement les boutiques des vivandiers sont toujours pleines, mais dont on fait des monceaux dans plusieurs grandes rues, peut faire connaître la vérité de ce que j'avance, à tous ceux qui n'ont pas parcouru la Tartarie. Les chèvres jaunes, nommées en chinois hoang yang, ne vont presque jamais dans les plaines qu'en troupes fort nombreuses. Leur poil est véritablement jaune, mais il n’est pas si lissé que celui des chèvres ordinaires, auxquelles celles-ci ressemblent d'ailleurs entièrement, par leur grandeur et leur figure. Leur défense est dans la légèreté de leur course. Je ne sais aucun animal qui les égale. Les mules sauvages vont aussi par troupes, quoiqu'en petit nombre : nous les appelons ainsi, parce que c'est là le sens du nom chinois ye lo tse. Mais quand on considère exactement cet animal, on s'aperçoit qu'il est différent des mules domestiques, même dans la figure extérieure. La chair est aussi différente, car elle est d'un assez bon goût, et au sentiment de ces Tartares qui en mangent souvent, elle est aussi saine et aussi nourrissante que celle des sangliers, qui remplissent les bois et les vallées, qu'on trouve au-delà de Toula et dont on connaît les vestiges par de petites fosses qu'ils font pour chercher des racines : on n'a jamais pu, quelque soin qu'on ait pris, accoutumer ces mules à porter. Les chameaux et les chevaux sauvages sont encore plus vers l'ouest : on en voit cependant quelquefois sur les terres des Kalkas qui sont les plus voisines de Hami. Les uns et les autres ont la même figure que les domestiques. Les chameaux sauvages vont d'une si grande vitesse, que les chasseurs, quelque bien montés qu'ils soient, ne les attrapent que rarement à la portée de la flèche. Les chevaux sauvages vont en grande troupe, et quand ils rencontrent des chevaux domestiques, ils les entraînent en les mettant au milieu d'eux, et les pressant de tous côtés. Le han ta han est semblable à l'élan. L'empereur est allé quelquefois à cette chasse que font ordinairement les Solons. Nous en avons vu de tués qui pesaient plus que le plus gros bœuf : on n'en trouve que dans peu de quartiers de la Tartarie, comme, par exemple, aux environs du mont Suelki : ce sont des terres boueuses, où ils se plaisent et où il est plus facile de les tuer, parce qu'étant naturellement pesants, ils ont plus de peine à se dépêtrer de la boue, pour pouvoir courir sur ceux qui leur tirent des flèches. Le choulon ou chelason est un animal qui me paraît être une espèce de loup cervier. La peau du chelason est fort estimée à Peking, on en fait des tahou, c'est-à-dire, des surtouts dont on s'habille. Cet animal est de la grandeur d'un loup : son poil est grand, doux, et fourni, tirant sur le gris blanc. Il y en a en quantité, principalement vers les limites des Moscovites et sur leurs terres, dont les fourrures se vendent à cette cour.