Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/48

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bas, ou dans des coins de collines, ou à l'abri de quelque montagne : l'été sur le bord d'un lac, ou d'une mare d'eau, ou le long des ruisseaux et des rivières. La pêche qu'ils font n'est pas fort considérable : les rivières du pays des Mongous ne sont nullement comparables à celles des Mantcheoux et des Yu pi ta se. S'ils prennent quelquefois des esturgeons, ainsi qu'ils l'assurent, dans le Toula, c'est que ces poissons montent jusque-là du grand lac Paical, avec lequel cette rivière communique, et si l'on trouve dans Ourson quelques espèces de poissons des rivières plus orientales, comme est celui qu'on appelle tcha tchi y, c’est que Ourson se décharge dans le fleuve Saghalien oula dans lequel elle se jettent. On voit cependant dans ce même quartier d'Ourson un animal amphibie nommé turbhighé d'une espèce qui approche de la loutre, mais la chair en est tendre, de bon goût, et guère moins délicate que celle du chevreuil. Je ne sache pas qu'il y en ait ailleurs que dans le voisinage des lacs Pouir et Coulon, qui sont joints par la rivière d'Ourson. Pour ce qui est des plantes, nous avons déjà dit que les Tartares de ce pays ne cultivaient point les terres, de sorte que l'agriculture qui nous paraît avec raison si nécessaire, est négligée et même regardée comme inutile par tant de nations. Quand nous leur demandions pourquoi ils ne cultivaient pas au moins quelques petits jardins, pour y trouver des légumes, ils ne manquaient pas de nous répondre que les herbes sont pour les animaux, et la chair des animaux pour les hommes. Cette réponse leur paraissait apparemment sans réplique, et mettre tout le bon sens de leur côté. L'éducation a aussi sa part dans ces sortes de jugements, comme il paraît par la diversité des sentiments qu'on remarque parmi les sages de différentes nations. Comme donc les Yu pi ta se qui négligent de nourrir des troupeaux, trouvent dans la pêche de beaux poissons de leur rivière, de quoi se vêtir, se nourrir, s'éclairer la nuit, etc. Les Mongous aussi, sans se soucier ni du labourage, ni du jardinage, se contentent de leurs troupeaux. Ils se font des habits de leur peau, des tentes de leur poil, et leur boisson du lait distillé par un alambic, qui ne les enivre pas moins que notre eau-de vie. Il resterait à dire ce qu'il y a de singulier dans les plantes médicinales que produisent les terres des Mongous ; mais il faudrait pour cela avoir fait des recherches, que le travail de la géographie n'a pas permis de faire. Nous avons d'ailleurs remarqué que les lamas qui sont les principaux médecins, ne se servent que de simples les plus ordinaires dans toute sorte de pays, et des drogues qui sont en usage dans la Chine. La seule qui soit singulière et qui est fort estimée, s'appelle à Peking Kalka se touen, que nous nommons la racine de Kalka. Elle est d'un goût aromatique, et les médecins de l'empereur l'emploient avec succès dans les faiblesses d'estomac, et pour guérir la dysenterie.



Observations historiques sur la grande Tartarie tirées