Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/47

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n'échappent pas pour cela aux chasseurs : car ils n'ont pas plutôt reconnu le lieu, qu'ils l'entourent, et qu'ils ouvrent la terre en un ou deux endroits. Ils y jettent, ou de la paille allumée, ou d'autres choses capables d'effrayer ces animaux, ce qui les obligeant à sortir de leurs trous, on en prend à la fois un très grand nombre ; c'est pourquoi ces peaux se vendent à vil prix et dans le pays, et à Peking. Mais quoique les Mongous aient toutes sortes d'animaux, la fourrure ordinaire dont ils sont presque tous habillés, est celle de leurs moutons et de leurs agneaux. Ils mettent la laine en dedans, et la peau en dehors : ils savent assez bien la préparer, et la blanchir médiocrement. Ils savent aussi passer les peaux de cerfs, de daims, de chèvres sauvages, et d'autres semblables, dont les plus riches s'habillent en quelques quartiers au printemps, et dont plusieurs font des habits intérieurs. Après tout quelque soin qu'ils prennent, on les sent dès qu'ils approchent, ce qui leur a apparemment attiré des Chinois le nom de Tsao ta tse. Leurs tentes même ont presque toujours une odeur de brebis, à laquelle on a de la peine à s'accommoder : ainsi le meilleur parti qu'on puisse prendre, quand on est tombé dans ce nouveau monde, où les peaux de bêtes servent d'habits, et les maisons sont portées sur des charrettes, c’est de faire renverser sa tente, et la faire ensuite redresser dans un lieu éloigné du premier de quelques pas, afin que l'air s'évapore insensiblement. Ces tentes sont toutefois beaucoup plus incommodes que les tentes ordinaires des Mantcheoux qui ne sont que d'une toile simple ou en double, à peu près comme celles de nos troupes. Pour ce qui est de celles des Mongous, elles sont rondes et couvertes d'un gros feutre, gris ou blanc, soutenues en dedans de treillis de bois, attachés par un bout autour de deux demi-cycles de même matière, qu'on rejoint ensemble, et qui font la superficie d'un cône tronqué : car ils laissent en haut vers la pointe une ouverture ronde, qui donne sortie à la fumée d'un brasier placé au milieu : tandis que le feu dure, elles sont assez chaudes pour ne pas souffrir du froid, mais elles se refroidissent aussi aisément qu'elles s'échauffent, et si on n'y prend garde, on se trouve l'hiver gelé dans son lit. Pour éviter cet inconvénient et quelques autres, ou du moins pour les diminuer, les Mongous ont soin que la porte des tentes soit très étroite ; c’est pourquoi ils la font si petite et si basse qu'on ne peut y entrer sans se courber. Mais comment emboîter tant de pièces mobiles si juste, qu'elles ferment l'entrée à tous les efforts de la bise ? C’est ce qui n’est pas facile dans un pays presque plein, où elle se fait sentir plus souvent et plus longtemps qu'ailleurs. Ces tentes sont encore presque moins tolérables l'été à cause de la chaleur, et surtout de l'humidité causée par les pluies qui pénètrent en dedans, et de la boue qui se fait au dehors. Telle est toutefois la force de l'éducation et des préjugés de l'enfance, qu'elles paraissent généralement à toutes ces nations préférables aux maisons chinoises, à cause du seul plaisir qu'elles trouvent à changer de demeure, selon les différentes saisons. L'hiver, par exemple, dans des lieux