Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/481

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marécageux, surtout vers le bout de la plaine au nord-ouest ; tout était plein d'eau aux environs d'un gros ruisseau, nommé Koultou, ou Kouldou, proche duquel nous allâmes camper à l'extrémité de la plaine, au pied des collines qui sont à son nord-ouest. Les pâturages y étaient très bons et en grande abondance, mais il n'y avait point de bois aux environs, et on fut réduit à brûler de la fiente d'animaux. Cette chaîne de collines que nous avions côtoyées les jours précédents du côté de l'ouest, finit dès le commencement de notre marche, et le pays était beaucoup plus découvert de toutes parts ; quand nous eûmes une fois passé entre les montagnes qui étaient proches au nord du lieu où nous avions campé, ce n'était presque que des collines qui environnaient toute cette grande plaine que nous parcourûmes. Le temps, qui fut couvert presque tout le jour, et un grand vent qui s'éleva vers les neuf heures, et qui continua jusqu'au soir, nous empêchèrent de prendre la hauteur méridienne. J'estime que le lieu où nous campâmes pouvait être de 44 degrés 2 minutes de hauteur du pôle. Cette chaîne de montagnes que les Mantcheoux appellent Ingan, et que nous passâmes un peu après être sortis de notre camp, sépare le pays de Parin de celui d'Outchou Moutchin. C'est le lieu le plus élevé qui soit dans toute cette étendue de pays qui est entre la mer du Sud, et celle du Nord, à peu près au même méridien, car toutes les eaux qui coulent en abondance des montagnes, se partagent de telle sorte, que celles qui coulent du côté du sud, vont se jeter dans la mer qui est au sud de la grande muraille ; celles qui coulent du côté septentrional des montagnes qui forment cette chaîne, et qui sont le plus au nord, vont se jeter dans la mer Orientale, qui est au nord de la Chine. Le 18 nous fîmes trente-huit lys ; trente au nord, prenant tant soit peu de l'ouest, et le reste au nord-nord-ouest. Le rhumb total était au nord un quart nord-ouest, toujours dans une belle plaine qui continue celle où nous avions campé ; à cela près elle était resserrée par de petites collines. A dix ou douze lys de là, elle s'élargissait comme auparavant, et avait plus de dix lys de largeur nord et sud, bornée à l'est et à l'ouest par des collines, et arrosée du même ruisseau. Après vingt lys environ nord et sud d'étendue, elle se divise en deux parties, l'une qui va au nord-est, suit le même ruisseau ; l'autre dans laquelle nous marchâmes, va au nord-ouest, et est arrosée d'une petite rivière, qui se nomme Palouhour, sur les bords de laquelle nous vînmes camper, en un lieu nommé Palouhour pira ayant à l'ouest et au nord-ouest des sables mouvants qui bornent la plaine. On nous dit que le roi des Eluths Caldan était venu camper dans cette plaine il y a huit ans, lorsqu'il s'approcha de la Chine, et qu'il avait à peu près suivi le même chemin que nous avons tenu jusque à Ingan. Il y eut même plusieurs taiki du pays d'Outchou Moutchin, qui se soumirent, se prosternèrent devant lui, et lui firent des présents de leurs bestiaux. Ils furent condamnés à avoir la tête tranchée l'année suivante dans l'assemblée des États de Tartarie.