Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/485

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Le 27 nous fîmes 75 lys tout compté au nord-nord-est un quart nord-est ; nous passâmes d'abord une prairie fort marécageuse, où les chameaux chargés eurent bien de la peine, plusieurs s'y embourbèrent ; ensuite nous marchâmes assez longtemps entre des collines d'un terrain sec, mais toujours couvert d'herbes, sans arbres ni buissons ; puis nous entrâmes dans une grande plaine, au bord de laquelle nous vînmes camper proche d'une grande mare d'eau, où il devait y avoir quelque source, car les environs étaient fort humides, et la prairie pleine d'herbes fort touffues ; cependant l'eau était chargée de nitre ; ce lieu s'appelle Iptartai nor. Nous y prîmes la hauteur méridienne qui se trouva de soixante-six degrés dix-neuf minutes, ce qui donne quarante sept degrés quatre minutes de hauteur du pôle. Le 28 nous fîmes 46 lys, au nord-nord-ouest ; après avoir fait environ vingt lys, dans un pays semblable, nous entrâmes dans des sables mêlés de broussailles, qui rendent le terrain inégal. Ces sables ont environ dix lys de largeur du nord au sud pour le plus, mais comme ils ne sont pas mouvants, ils sont moins difficiles à passer. Ils s'étendent plus loin à l'est et à l'ouest, et font la séparation des limites du pays d'Outchou Moutchin, et de celui des Kalkas, et de Tche tching han ; ce lieu s'appelle Queighen elesou. Nous entrâmes ensuite dans une plaine qui s'étend de toutes parts à perte de vue, et sans qu'il y paraisse aucune montagne à l'horizon ; le terroir de cette plaine est assez bon ; cependant les pâturages ne sont pas excellents, apparemment à cause de la sécheresse ; car la nouvelle herbe qui ne faisait que sortir de terre, était toute desséchée. Nous campâmes dans cette plaine, proche d'un grand étang, mais dont l'eau était puante et à demi salée ; il en fallut aller chercher plus loin dans d'autres petits étangs, qui paraissaient venir de source. L'eau en était moins mauvaise et moins salée ; mais elle ne laissait pas d'être un peu chargée de nitre. Cet étang, ou petit lac, s'appelle Hoeitou tasihao nor. Aux environs tout était plein de fiente d'animaux, ce qui nous fit connaître que les Kalkas y avaient campé durant l'hiver dernier. L'étang était couvert de canards, d'oies sauvages, et d'autres oiseaux de rivière ; les chasseurs de nos tagin en tuèrent plusieurs, surtout ceux du président du Hou pou, l'un d'eux était fort adroit à tirer en volant. Lorsque nous passâmes les limites d'Outchou Moutchin, je m'informai de notre guide, quels étaient les pays qui confinaient avec le sien à l'est et à l'ouest ; il me dit que du coté de l'est, à six journées, telles que nous les faisions ordinairement, c'est-à-dire, de cinquante à soixante lys chacune, était le pays d'Arou Cortchin, et du côté de l'ouest, à huit journées semblables, était celui de Haotchit. Quand nous fûmes entrés dans le pays des Kalkas, nous trouvâmes moins de moucherons ; cependant les environs de l'étang, proche lequel nous campâmes, en étaient remplis, dans les lieux où il y avait de l'herbe un peu haute ; le soir quand le vent fut abattu, ils nous persécutèrent cruellement. La hauteur du pôle fut de quarante-sept degrés dix-sept minutes.