Le 24 nous fîmes 73 lys au nord, cinq degrés environ vers l'ouest, toujours dans un pays plat et uni. Après avoir fait quatre ou cinq lys nous passâmes une petite rivière, nommée Houdou, dont Hara oussou est un bras, qui après s'en être séparé, va la rejoindre ; cette rivière était fort basse, et n'avait pas tant d'eau que Hara oussou, mais elle coulait bien plus rapidement vers le nord-ouest. Nous côtoyâmes en marchant plusieurs collines, et des hauteurs toutes découvertes que nous laissâmes à l'est ; nous ne vîmes en chemin ni tentes, ni herbes, ni buissons. Nous passâmes assez proche de deux mares d'eau toutes desséchées, sans quoi nous eussions campé proche la dernière ; nous fûmes donc obligés de continuer notre chemin, malgré la chaleur, qui était grande, et la persécution des moucherons, qui était encore plus cruelle. Nous vînmes camper proche d'une fontaine d'une eau très claire et très fraîche. Le lieu où nous campâmes, s'appelle Habirhan. Il y a quelques petits étangs. Nous trouvâmes la hauteur méridienne de 67 degrés 16 minutes, qui donnent 46 degrés 10 minutes de hauteur du pôle. Le 25 nous fîmes 51 lys tout compté au nord un quart nord-est ; nous fîmes d'abord douze ou quinze lys au nord, prenant tant soit peu de l'ouest, ensuite nous passâmes une petite colline, après quoi nous entrâmes dans une autre plaine dont le terrain était semblable à celui du jour précédent ; on y fut moins incommodé des moucherons. Nous marchâmes quelque temps au nord, ensuite nous tournâmes vers l'est, pour venir chercher le lieu où nous devions camper, qui était proche de deux étangs, auprès de l'un desquels il y avait une source, dont l'eau était bonne, mais peu fraîche ; ce lieu s'appelle Paroltchitou nor ; on n'y trouva que de la fiente d'animaux pour brûler et faire la cuisine. Nous y prîmes la hauteur du pôle, qui fut de 46 degrés 29 minutes. Il n'y avait dans tout le chemin ni arbre, ni buisson, et il fallut se servir de fiente d'animaux sèche pour faire la cuisine. Le 26 nous fîmes 64 lys au nord toujours dans un pays semblable. Nous prîmes d'abord au nord un quart de nord-ouest, pour reprendre le droit chemin dont nous nous étions écartés le jour précédent, pour camper proche de l'eau, qui est rare en ces pays ; ensuite nous marchâmes droit au nord, jusque proche d'une mare d'eau à quarante lys, et un peu plus, du lieu d'où nous étions partis ; nous devions camper proche de cette mare ; mais comme elle était presque entièrement desséchée, nous fûmes obligés de passer outre, et de prendre vers le nord-est, pour aller chercher un lieu où il y eut de l'eau ; nous campâmes auprès d'un grand étang dont l'eau était fort nitreuse, et même puante ; mais il y avait peu loin de là une fontaine dont l'eau était assez bonne ; nous passâmes plusieurs endroits marécageux et pleins de nitre ; le lieu où nous campâmes s'appelle Anghirtou sira pouritou nor ; c’est un terrain de sable assez dur, il était mouvant aux environs de l'étang ; nous fûmes fort tourmentés des moucherons durant cette route. La hauteur du pôle fut de quarante six degrés quarante-huit minutes.