Le 27 nous fîmes 50 lys au sud-ouest un quart d'ouest, tout compté et la variation de 3 degrés 40 minutes vers l'ouest évalués. Nous marchâmes toujours dans une grande plaine, côtoyant d'assez loin la rivière et les montagnes qu'elle a au nord ; le terrain était d'un sable également stérile et dur. Nous vînmes camper proche d'une pointe de collines qui s'appelle Kairé hojo, toujours sur le bord de la rivière de Kerlon. Le temps fut extrêmement chaud. Il faisait un vent de sud et de sud-ouest brûlant. Nous trouvâmes la hauteur du pôle de 47 degrés 15 minutes, et le soir au coucher du soleil nous trouvâmes la variation de l'aiguille de 3 degrés 40 minutes vers l'ouest. Le 28 nous fîmes 56 lys à l'ouest, six degrés vers le sud ; après avoir marché quelque temps dans la plaine, nous entrâmes dans de petites montagnes, laissant le Kerlon au sud, où il fait un grand détour. Après avoir fait environ trente lys dans ces collines, montant et descendant, mais toujours par des pentes douces, nous vînmes camper proche d'une mare d'eau, où il y avait une fontaine d'eau fort fraîche ; mais comme c'était une source qui bouillonnait de terre, et qui n'avait point de pente par où l'eau pût s'écouler, elle formait seulement deux ou trois petites mares, où l'eau se sentait du terrain, qui était fort nitreux. Il arriva aussi que les bestiaux de notre équipage y entrèrent d'abord, et on ne put en tirer que de l'eau trouble, et d'assez mauvais goût, ce qui nous incommoda fort ; car il fit ce jour-là une chaleur des plus grandes que j'aie senti. Il soufflait surtout un vent de sud, et de sud-ouest brûlant, qui nous desséchait les entrailles. Il fit même fort chaud toute la nuit, contre l'ordinaire du pays, et quoiqu'il eût plu le soir aux environs de notre camp, et qu'il eut fait des coups de vent très violents ; il y avait raisonnablement du fourrage, mais il n'était guère bon. Le lieu où nous campâmes s'appelle Honghour pouritou. Ce lieu est à quarante lys au nord de la rivière de Kerlon, et ce fut pour éviter les détours que nous laissâmes la rivière. Le 29 nous fîmes soixante-cinq lys tout compté, à l'ouest six degrés vers le nord ; après avoir fait environ vingt-cinq lys, nous passâmes à quinze ou vingt lys au nord du lieu où nous avions campé deux ans auparavant à la suite de l'empereur, lorsqu'après avoir poursuivi le roi des Eluths, qui s'enfuyait devant lui, il retourna sur ses pas, parce que ce prince était déjà fort éloigné, et qu'il eut été difficile de transporter autant de vivres qu'il en fallait pour la subsistance d'une aussi nombreuse armée que la sienne ; nous passâmes ensuite entre des montagnes toutes couvertes de roches, et bien plus hautes que toutes celles que nous avions trouvées depuis le Ingan. Ces montagnes s'appellent Tono alin. Nous fîmes encore trente lys au-delà, dans une plaine d'un terrain assez inégal, et toujours sablonneux, et plein de nids à rats, qui faisaient broncher les chevaux, et les bêtes de charge. Nous vînmes camper sur les bords d'un ruisseau, dont l'eau par bonheur était fort bonne et fort
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