Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/502

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plus grosse que la rivière de Kerlon, et ses eaux sont extrêmement claires ; son fond est de cailloux, et de pierrailles. Il ne se peut rien voir de plus agréable que ses bords dans toute cette plaine ; car ils sont presque partout couverts de beaux bois, tantôt d'un côté, tantôt de l'autre, et quelquefois de tous les deux. Il y a des arbres de différentes sortes fort touffus ; et comme cette rivière se partage en plusieurs bras qui se divisent et se réunissent en différents endroits, elle forme de petites îles, pleines de ces arbres, qui sont les plus agréables bocages du monde, et nous y trouvâmes une fraîcheur très commode en cette saison. Le cours de la rivière est fort rapide ; elle a de côté et d'autre, au-delà des bois, une prairie pleine des meilleurs fourrages ; c'est assurément le plus agréable lieu que j'aie vu dans tous les voyages que j'ai fait en Tartarie ; au nord de la rivière à cinq ou six lys, ce sont de très hautes montagnes, fort escarpées en plusieurs endroits, et couvertes de roches ; du côté qui est exposé au midi, on y voit sur le sommet de grands pins. Nous y trouvâmes la hauteur méridienne de 59 degrés 34 minutes, qui donnent 47 degrés 56 minutes de hauteur du pôle. Ce lieu est proche de l'endroit où s'était donnée deux ans auparavant la célèbre bataille entre l'armée de l'empereur, commandée par le généralissime Fian gou, et celle du roi des Eluths, qui la commandait en personne, et qui, après l'avoir perdue, fut obligé de s'enfuir, et d'abandonner une bonne partie de son bagage, et de ses bestiaux ; ce qui a depuis entraîné sa perte, et la ruine entière de sa monarchie. Le 4 notre équipage fit seulement 37 lys, tout compté, à l'ouest demi-quart de sud-ouest ; on pouvait aller par deux chemins au lieu du terme de notre voyage, l'un, en doublant cette pointe de montagnes que nous avions au nord-est, assez proche de notre camp ; l'autre, en prenant droit par le plus court chemin ; mais parce qu'il y avait des endroits marécageux dans les vallées où il aurait fallu passer, et des chemins difficiles pour les bêtes de charge, on aima mieux prendre le plus long. On repassa donc la rivière, en faisant un assez grand détour vers le sud-ouest et le sud, pour éviter les marécages de la prairie qui est au sud de la rivière ; on marcha sur les penchants des montagnes qui bornent cette prairie, reprenant le chemin à l'ouest, et au nord-ouest. On vint camper sur les bords de la rivière de Toula, dans une petite vallée. La rivière est encore là fort belle, et il y a toujours de beaux arbres le long de son rivage ; elle tourne dans des gorges de montagnes fort étroites, et bat en plusieurs endroits le pied des rochers escarpés de ces montagnes ; son cours est de l'est à l'ouest. Pour nous autres, nous fîmes beaucoup plus de chemin, car nous allâmes avec nos tagin visiter le champ de bataille, dont j'ai parlé ci-dessus. Le second président du Tribunal des Mongous, qui s'était distingué à cette bataille, nous expliqua en détail tout ce qui s'y était passé. Le roi