Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/51

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des Leao, prit les armes pour s'en venger, et s'étant mis à la tête de tous les ayman ses voisins, il conquit pas à pas le pays des Leao, s'empara de la monarchie, et fit leur empereur prisonnier. Ce fut cet Aghouta qui fonda la monarchie des Kin, vers le commencement du douzième siècle, durant lequel ils possédèrent près de la moitié de la Chine, jusqu'au commencement du treizième, que Zinghiskan, le plus grand conquérant qui fut peut-être dans le monde, ayant déjà réuni tous les Tartares occidentaux sous sa domination, et poussé ses conquêtes jusqu'au delà de la Perse, vint attaquer les Tartares de Kin dans les provinces septentrionales et occidentales de la Chine, où ils régnaient, les en chassa et s'en rendit le maître ; il ne vécut pas assez longtemps pour subjuguer tout l'empire de la Chine. Ce fut son petit fils Houbilai que nos historiens appellent Coublai, et que l'histoire chinoise nomme Hou pi lié, qui à l'empire de toute la Tartarie orientale et occidentale que son grand-père Zinghiskan avait entièrement réunie sous sa domination, ajouta encore l'empire entier de la Chine qu'il acheva de conquérir ; et ce fut pour la première fois que ce fameux empire, qui depuis près de 4.000 ans avait été gouverné par des souverains du pays même, quoique de différentes familles, se vit entièrement soumis au joug des étrangers. Mais cette monarchie était trop vaste pour subsister longtemps. La domination des Tartares ne dura guère que 100 ans, soit que les mœurs chinoises eussent amolli leur courage, soit que le gouvernement se fût affaibli par la nonchalance des derniers empereurs. Vers le milieu du quatorzième siècle les Tartares furent chassés de la Chine par la fameux Hong vou fondateur de la dynastie Tai ming qui a été la dernière des Chinois, et ils furent poussés avec tant de vigueur par le quatrième fils de ce Hong vou nommé Yung lo, qu'ils furent obligés de se retirer jusques vers le cinquantième degré de latitude au-delà du désert, et d'abandonner tout le pays qui est immédiatement au-delà de la grande muraille. Ils avaient bâti une infinité de villes et de bourgades, qui furent toutes brûlées ou détruites par Yung lo. On voit encore les restes et les vestiges de quantité de ces villes. Cet empereur les alla même chercher jusqu'à trois fois au-delà du désert, à plus de 200 lieues au nord de la grande muraille pour achever de les exterminer. Il ne put pourtant pas en venir à bout, et étant mort au retour de sa troisième expédition, ses successeurs laissèrent les Tartares en repos au-delà du désert, d'où ils se répandirent de côté et d'autre : les principaux princes du sang de Zinghiskan occupèrent chacun avec leurs gens un pays particulier, et formèrent des hordes différentes, qui toutes devinrent autant de petites souverainetés. Mais pour parler de la grande Tartarie, dans l'état où elle se trouve à présent, on peut la considérer comme partagée entre plusieurs diverses nations qui occupent chacune leur pays, et qui ont leurs coutumes, leur langue et leur religion différentes.