Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/518

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vient du même principe, et fera toujours insurmontable à tout ambassadeur, dont le prince voudra traiter avec l'empereur d'égal à égal. Pour ce qui est des ambassadeurs de Corée, comme ils représentent un roi feudataire et tributaire, ils ne sont traités qu'avec une médiocre distinction ; ils n'ont point le pas devant les Grands, ni même devant les mandarins du second rang. Ils sont comme enfermés dans la maison où on les loge, au moins jusqu'aux premières cérémonies. Lorsqu'ensuite ils ont la liberté de sortir, on leur donne un nombre de personnes qui les accompagnent, bien moins pour leur faire honneur, que pour veiller à leur conduite. Le seigneur tartare envoyé à la cour du roi de Corée, nous a dit qu'il avait été pareillement dans une grande gêne, qu'il y avait dans son hôtel des gens qui l'observaient sans cesse, et qui faisaient passer tout ce qu'il disait jusqu'au palais, par de jeunes gens disposés d'espace en espace le long de la rue. Les Coréens sont vêtus à la manière chinoise, du temps de la dernière famille des empereurs, nommés Tai ming. Ils portent une robe à longues et larges manches, un bonnet haut, et de figure comme carrée, une ceinture faite en cercle, des bottes de peau, de toile, ou de satin. Leur langue est différente de la langue chinoise et de la langue tartare ; c’est pourquoi quand ils vont à la Chine, ils mènent avec eux un interprète. L'empereur en a aussi à ses gages et à Peking, et à Fong hoang tchin, par où ils sont obligés d'entrer à la Chine. Les lettres chinoises sont cependant en usage dans tout le royaume ; le dernier envoyé qui vint nous voir, il y a peu d'années, se servit du pinceau pour nous faire entendre en chinois ce qu'il voulait. Il nous dit que la doctrine de Confucius était parmi eux dans une grande estime, et qu'on tenait fort bas les bonzes, à qui il n'était permis de bâtir des pagodes que hors des villes. On n'a jamais prêché la religion chrétienne dans la Corée, quoique quelques Coréens aient été baptisés en différents temps à Peking. Pour le faire d'une manière stable, il faudrait en avoir la permission de l'empereur de la Chine, chose plus difficile à obtenir que jamais, depuis que cette mission est presque tout à fait détruite, par la défense que le Li pou 1 a faite en l'année 1724. Mais il paraît certain que si, par un miracle de la miséricorde de Dieu sur cette nation, la Chine se faisait chrétienne, la conversion de la Corée et de la Tartarie ne serait qu'une affaire de peu d'années. Telle est la dépendance où ces pays sont de la Chine, et l'estime que les nations voisines font des Chinois. La forme du gouvernement de Corée est fort semblable à celui de la Chine. Le royaume est divisé en huit provinces, et chaque province en diverses juridictions, qui ont les mêmes droits, et les mêmes prérogatives,