Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/517

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

le même sens que le mot chinois kiang, qui signifie fleuve ; c'est pourquoi les Chinois appellent ces deux fleuves, yalou kiang, et toumen kiang. L'un et l'autre sortent de la même montagne, une des plus hautes du monde. Les Chinois l'appellent Tchang pe chan, et les Mantcheoux, Chan alin, c'est-à-dire, montagne toujours blanche. L'un de ces fleuves a son cours du côté de l'orient, et l'autre du côté de l'occident ; ils sont tous deux assez profonds, et médiocrement rapides ; l'eau en est très belle. Le cours des autres rivières que nous n'avons pas vues, est marqué sur la carte, suivant les mesures des Coréens. Les maisons des Coréens sont d'un seul étage et assez mal bâties, ainsi que nous l'ont dit les Tartares, lorsque nous n'étions qu'à quatre lieues de la première ville de Corée ; ces maisons sont de terre à la campagne, et ordinairement de briques dans les villes. Les murailles des villes sont construites à la chinoise ; elles ont des tours carrées, des créneaux, et des portes voûtées ; mais la grande muraille que les Coréens avaient élevée, pour se mettre à couvert des Tartares, et que nous avons vue en côtoyant le bord oriental de Toumen oula, ne peut point se comparer avec la partie orientale de la grande muraille de la Chine, n'étant ni terrassée, ni si épaisse ; elle est maintenant presque toute détruite depuis environ quatre-vingt-dix ans ; car la Corée fut la première qui éprouva les armes victorieuses des Mantcheoux ses voisins. La capitale se nomme sur la carte King ki tao, et c'est ainsi que les Coréens l'appellent ; mais les Chinois l'appellent Kong ki tao. La raison est qu'on ne souffre point dans le palais de l'empereur, que pour nommer les autres cours, on se serve du mot chinois King. Ce mot, disent les Chinois, n'est fait que pour signifier la cour de leurs empereurs. De même ils prétendent que les mots de Tien tse, Van soui, et autres semblables, qu'ils donnent à leur empereur, lui sont tellement affectés, qu'il n'est pas permis de les employer même dans une traduction, pour exprimer les maîtres des autres royaumes. Cependant je ne voudrais pas dire avec un de nos auteurs, en parlant des lettres envoyées à S. Louis par les premiers empereurs de la famille des Yuen, que ces mots sont pleins d'une fierté aussi ridicule, qu'impie, parce qu'en effet il est très certain, que quoiqu'ils puissent signifier, comme ils le disent, le Fils du Ciel et l'immortel, ils sont par un long usage réduits à ne signifier que l'empereur de la Chine, n'y ayant point de Chinois qui ne sache que leur maître est un homme mortel, et fils d'un autre homme. On pourrait faire la même remarque sur le nom qu'ils donnent à leur royaume, et surtout sur celui de Tien hia, que les Chinois ne prennent que pour leur empire ; sachant très bien qu'ils ne sont point les maîtres de tout le monde, ni les maîtres de la terre, bien qu'ils se croient fort supérieurs à toutes les nations des autres royaumes. Ainsi la difficulté qu'ils font de donner le nom de king aux autres cours,