Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/54

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de la rivière, voient de temps en temps des barques qui viennent des îles : il y en a une grande quantité vers cette embouchure, qui n'a pas plus de trois lieues de largeur : cette rivière est partout très profonde, et navigable, quand elle n'est pas glacée : de grands vaisseaux pourraient la remonter jusques à Niptchou c'est-à-dire, environ cinq cents lieues. Je demandai au gouverneur de ce pays-là, s'il n'y avait point d'habitations vers la mer Orientale : il me répondit qu'il n'y avait vu que de grandes forêts, et que ceux qui habitent le long de la rivière, ne connaissaient point d'autre nation. Ainsi tout ce vaste pays qui est à l'orient de la rivière nommée Songari par les Tartares, et par les Moscovites Singale, n'est qu'un vaste désert plein de montagnes et de forêts. Ceux qui habitent le long de la rivière de Songari, sont des Mantcheoux que les Moscovites appellent Doutchari. Ce sont eux qui tous les hivers vont chasser les zibelines dans ces vastes forêts, qu'on voit de côté et d'autre du Saghalien oula, et ils reviennent passer l'été dans leurs habitations, dont la plupart sont aux environs de Ningouta. Au nord du Saghalien oula, à 100 lieues environ au-dessous d'Yacsa, se voit une rivière considérable que les Mantcheoux appellent Tchikiri, et les Moscovites Zia : cette rivière a bien demie lieue de largeur vers l'endroit où elle se jette dans le Saghalien oula : pour la remonter jusqu'à sa source, il faut, dit-on, deux mois, mais il ne faut pas 15 jours pour la descendre : elle a son cours fort rapide en descendant du nord-est au sud-ouest, et prend sa source dans cette chaîne de montagnes, qui a été déterminée pour servir de limites entre les terres appartenant à l'empereur de la Chine, et celles qui appartiennent aux czars de Moscovie. Les Mantcheoux appellent les peuples qui habitent aux environs de cette rivière Orotchon, d'un animal nommé Oron. C'est une espèce de petit cerf que les habitants apprivoisent, et dont ils se servent comme de bête de charge, soit pour tirer leurs traîneaux, soit pour porter leur bagage. J'en ai vu dans la ménagerie de l'empereur, aussi bien que des élans ou alées qui sont en quantité dans ce pays-là, et dans la province de Solon. C'est aux environs de la rivière de Tchikiri que sont les belles zibelines. On y trouve pareillement des hermines grises et des renards noirs. Les Moscovites en tiraient quantité de belles peaux, quand ils étaient maîtres d'Yacsa. La seconde nation de la Tartarie, qui a toujours été la plus nombreuse et la plus étendue, est celle des Mongous qu'on appelle quelquefois à la Chine Si ta tse, c'est-à-dire, Tartares occidentaux, et par dérision Tsao ta tse, c'est-à-dire, Tartares puants, parce que ordinairement ils sont de mauvaise odeur. Cette nation comprend les Kalmucs ou Eluths, les Kalkas et ceux qu'on appelle simplement Mongous, qui demeurent aux environs de la grande muraille. Leur pays s'étend de l'occident à l'orient, depuis la mer Caspienne jusqu'aux Tartares orientaux dont nous venons de parler, c'est-à-dire, jusqu'à 2 ou 3 degrés de longitude au-delà du méridien de Peking, et du midi