Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/53

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de Saghalien oula, et s'étend en descendant vers l'orient le long de ce fleuve, plus de150 lieues jusques vers Ningouta. Le gouverneur de cette province m'a dit qu'il n'y avait pas plus de dix mille familles dans toute la province. Ils sont grands chasseurs et fort adroits à tirer de l'arc, aussi paient-ils leur tribut à l'empereur en peaux de zibelines ; chaque chef de famille en paye une, deux, trois par année, selon qu'ils sont taxés, eu égard au nombre de gens capables de porter les armes et d'aller à la chasse. Il n'y a dans tout le pays qu'une bourgade nommée Merghen ou Merghin, encore est-ce l'empereur qui l'a fait bâtir, et il y tient une petite garnison. Dans tout le reste ce ne sont que des cabanes que chacun se bâtir soi-même. Les Moscovites avaient élevé une forteresse dans cette province, qu'ils avaient appelée Albazin, et que les Tartares nommaient Yacsa du nom d'une petite rivière où elle était bâtie, dans l'endroit par où cette rivière se décharge dans le fleuve Saghalien oula. C'est cette forteresse qui a donné occasion à la guerre que les Moscovites ont fait à l'empereur de la Chine. Les Moscovites y tenaient une forte garnison, et empêchaient les Chinois d'aller à la chasse des martres zibelines dans tous les environs, où il y en a de fort belles et en quantité : mais enfin cette forteresse a été rasée, et le pays entièrement cédé à l'empereur de la Chine, par le traité de paix fait à Niptchou. Depuis le lieu où était la forteresse d'Yacsa jusqu'à l'embouchure du fleuve Saghalien oula, dans la mer Orientale, il y a bien quatre cents lieues, ainsi que me l'a assuré le gouverneur général de tout ce pays-là, qui en a fait le chemin en barque, par ordre de l'empereur. On compte 150 lieues depuis Yacsa jusqu'à Ningouta, de Ningouta on va jusques à une nation qui se sert de chiens pour voiturer les fardeaux, comme nous nous servons de chevaux et de bœufs, et que les Mantcheoux, dont le pays s'étend jusqu'aux terres de cette nation, n'appellent pas autrement que la nation qui se sert de chiens. Cette nation s'étend le long du même fleuve environ 200 lieues, quoiqu'elle ne soit pas fort nombreuse, n'y ayant que çà et là de petits hameaux, situés d'ordinaire à l'embouchure de quelque petite rivière qui se jette dans le Saghalien oula. Le reste de la rivière jusqu'à la mer, est occupé par une autre nation nommée Fiattou ou Fiatta qui a une langue toute différente : cette nation est fort farouche, et selon qu'on me l'a dépeinte, elle ressemble assez aux Iroquois. Les langues de ces deux nations différentes entre elles, sont aussi fort différentes de celle des Mantcheoux. Ils ne vivent que du poisson qu'ils pèchent en abondance, et ils se couvrent des peaux de ces poissons : ce qui leur a fait donner le nom de Yu pi, qui signifie en chinois peau de poisson : ils n'ont aucune idée de l'agriculture, ils se logent dans des huttes et des cabanes : ils n'ont ni roi, ni souverain. Chaque bourgade se choisit un chef, auquel elle obéit à peu près comme font les sauvages en Canada. Ils ont de petites barques qu'ils font d'écorce d'arbres, ou bien de troncs d'arbres qu'ils creusent. Ceux qui sont à l'embouchure