Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/65

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Trois de ces sept chefs avaient obtenu du Grand lama le nom de han ; mais la plupart des taikis agissaient en souverains sur leurs terres, et ne rendaient aucune déférence à ces han, que celle de leur céder la première place dans les assemblées qu'ils tenaient entre eux, lorsqu'il survenait quelque différend, ou quelque affaire importante à traiter, se regardant comme membres d'une même nation confédérée, qui se devaient un secours réciproque les uns aux autres. Cependant comme les princes qui étaient les plus puissants, opprimaient les plus faibles, la division se mettait souvent parmi eux, mais aussi ils se réconciliaient aisément par l'entremise de leurs lamas, auxquels ils se laissaient gouverner, et surtout par celle du lama de Thibet, pour qui ils avaient une déférence aveugle. Le plus ancien de ces trois han s'appelait Tchasaktou : il occupait le pays qui est immédiatement à l'orient du mont Altaï, ses États n'étant séparés de ceux des Eluths que par cette fameuse montagne que les Mongous regardent comme la plus considérable de toute la Tartarie. Ils s'étendaient jusques vers les rivières de Selengué, d'Orhon et de Toula. Le second de ces han, nommé Touchetou ou Touchektou han était le plus puissant de tous les princes kalkas. Son pays s'étendait le long de ces trois rivières, jusques vers le mont Kentey d'ou la rivière de Toula, et celle de Kerlon prennent leur source. Le troisième nommé Tchetching han, était établi vers la source de la rivière de Kerlon : ses gens s'étendaient le long de cette rivière, jusqu'à son embouchure dans le lac Dalai ou Coulon, et encore au-delà, jusqu'aux frontières de la province de Solon. Ces deux derniers princes n'ont porté le nom de han que depuis 40 ou 50 ans ; le premier le portait longtemps auparavant. Comme on parle souvent dans les voyages suivants de guerres qu'ils ont eu, soit entre eux, soit avec le Caldan roi des Eluths, qui a le plus contribué à la ruine des Kalkas, on ne sera pas fâché de savoir ce qui y a donné lieu. Avant ces guerres ces Kalkas étaient si puissants, qu'ils donnaient de l'inquiétude même à l'empereur de la Chine. Ils étaient très riches en troupeaux : leurs campagnes étaient couvertes de chevaux, et ils en vendaient environ cent mille tous les ans à Peking : quand on les achetait indifféremment et sans les examiner, ils ne coûtaient chacun que sept ou huit écus : mais quand on les voulait choisir, on avait un cheval de bonne taille pour quinze écus : au lieu que depuis leur destruction, durant le temps que l'empereur faisait la guerre au roi des Eluths, un cheval médiocre, pourvu qu'il fût un peu gras, valait jusqu'à quatre cents livres et d'avantage. Voici donc ce qui a donné occasion à cette guerre. Un taiki ou prince kalka nommé Lopzang hum taiki, que j'ai vu depuis à l'assemblée des États de Tartarie, attaqua, je ne sais pour quelle raison, le premier de ces trois han, nommé Chasactou han, le battit, et le fît prisonnier, et après l'avoir fait mourir, s'empara de ses biens et d'une partie de ses gens : le reste prit