Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/66

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la fuite avec les enfants de Chasactou han : ils se retirèrent auprès du second han Touchetou. Celui-ci fit savoir incontinent ce qui venait d'arriver à tous les chefs des étendards et aux principaux taikis, les invitant de se joindre à lui pour faire la guerre à l'usurpateur des États de Chasactou. Ils s'assemblèrent aussitôt, et ayant joint l'usurpateur, ils le désirent, et se rendirent maîtres de sa personne, sans néanmoins tremper leurs mains dans son sang : ils se contentèrent de l'envoyer au Grand lama, pour en faire telle justice qu'il lui plairait : ils prièrent en même temps ce pontife de donner au fils aîné de Chasactou han la même dignité qu'avait son père. Cette demande fut accordée, le fils fut rétabli dans les États du père, mais on ne lui restitua ni ses gens, ni ses troupeaux dont Touchetou han s'était saisi par les avis de son frère, qui gouvernait absolument ce prince. On avait pour lui toute la déférence imaginable, parce qu'il était lama, et qu'il passait pour un des Fo vivants qui sont en grand nombre dans la Tartarie, et qui imposent aussi facilement à ces Mongous grossiers et peu éclairés, que Mahomet imposa autrefois aux pâtres de l'Arabie, pour se les assujettir. Ce lama, nommé Tsing chung tumba houtouctou, avait été huit ans disciple du Grand lama de Thibet ; pendant ce temps-là il avait appris la langue savante du Thibet, et il s'était rendu si habile à cette école qu'il voulut faire un schisme, en se faisant reconnaître des siens, comme indépendant de celui qui avait été son maître, et prétendant être avec autant de raison un Fo vivant que l'autre : il avait si bien trompé ces Kalkas, qu'il s'en faisait adorer comme une divinité : son frère même, quoique roi des Kalkas, allait régulièrement à certains jours lui rendre les mêmes adorations, qu'on a coutume de rendre aux idoles : il lui cédait le pas en toute occasion, et le laissait le maître absolu de son État. C’est proprement ce lama qui par son orgueil, et par sa mauvaise conduite, a été cause de la destruction de sa famille, et de l'empire des Kalkas. Chasactou han voyant qu'on lui refusait de lui restituer ses biens, ainsi qu'il avait été arrêté à l'assemblée des États des Kalkas, envoya des ambassadeurs au Grand lama de Thibet pour s'en plaindre, et pour le prier d'interposer son autorité auprès de Touchetou han et du lama son frère, afin de lui faire rendre ses biens qu'ils avaient indignement usurpés. Le dalai lama dépêcha un de ses principaux lamas à Touchetou han et au lama son ancien disciple, pour terminer le différend ; cet envoyé s'étant laissé gagner aux présents qu'on lui fit, se contenta des belles promesses qu'on lui donna, sans en procurer l'exécution. Chasactou han n'espérant plus de justice de ce côté là, envoya son second fils à l'empereur de la Chine, pour le supplier de prendre en main ses intérêts, de lui faire restituer ses biens. Sur quoi il est à remarquer que tous les princes kalkas, pour avoir la liberté du commerce de la Chine, rendaient une espèce d'hommage à l'empereur : cet hommage consistait à lui envoyer un chameau, et neuf chevaux blancs, par forme de tribut : ils