Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/67

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ne s'acquittaient pas fort régulièrement de ce devoir, et ils s'en dispensaient quand ils le jugeaient à propos. L'empereur fît partir un ambassadeur vers dalai lama, pour l'engager à envoyer au temps qu'il lui marquait, une personne de considération dans le pays des Kalkas, et il promettait d'y envoyer en même temps un Grand de sa cour, afin de disposer ces princes à un accommodement, et de prévenir la guerre qui allait s'allumer. Cependant Chasactou han mourut, son fils aîné qui s'était lié avec Caldan roi des Eluths, dont il était voisin, lui succéda, et fut fait han ; il pressa aussitôt la restitution de ses biens. Les envoyés de l'empereur de la Chine et du dalai lama s'étant rendus auprès de Touchetou han et du lama son frère, on convoqua une seconde fois les États des princes kalkas. L'envoyé de l'empereur était le premier président du Tribunal des Mongous, qui est à peu près du même ordre que les six suprêmes tribunaux de Peking. Cet envoyé s'appelait Argni : j'ai appris de lui-même, et de plusieurs autres mandarins qui l'accompagnèrent dans le voyage, les particularités de cette négociation. L'envoyé du dalai lama était un des plus considérables de sa cour, et dans l'assemblée personne ne lui disputa le pas, parce qu'il représentait la personne du dalai lama : il n'y eut que le frère de Touchetou han, qui étant aussi lama et se disant Fo vivant, prétendait être égal à ce pontife, et voulait être traité avec la même distinction. Le roi des Eluths avait aussi ses envoyés qui assistèrent à ces États, pour y soutenir les intérêts de son ami et de son allié. Ceux-ci se récrièrent en vain contre la prétention du lama kalka, qu'ils regardaient comme un attentat énorme contre le respect dû à leur pontife commun, qui devait présider à l'assemblée par son légat ; ce lama ne voulant point céder, les envoyés Eluths se retirèrent fort mécontents. Enfin pour éviter une brouillerie plus grande que celle qu'on était venu terminer, l'envoyé du dalai lama fut obligé de consentir que le lama frère du roi des Kalkas fût assis vis-à-vis de lui : cette contestation une fois finie, les affaires furent bientôt réglées dans les États ; Touchetou han et le lama son frère promirent solennellement d'exécuter de bonne foi ce qu'on venait de régler : après quoi les États se séparèrent. Mais au lieu de tenir leur parole, ils continuèrent leurs délais ordinaires sous différents prétextes. Cependant le roi des Eluths choqué du peu de considération qu'on avait eu pour ses envoyés, et de l'affront qu'on avait fait au dalai lama, en la personne de son légat, pressé d'ailleurs par Chasactou han de hâter la restitution de ses biens, dont on lui retenait toujours la meilleure partie, envoya un ambassadeur à Touchetou han et au lama son frère, pour l'exhorter à la restitution qu'ils avaient promis de faire, et surtout pour se plaindre de ce que ce lama kalka avait disputé le pas au légat du dalai lama qui avait été leur maître commun. Le lama kalka ne put retenir sa colère, il chargea de fers l'ambassadeur, et