Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/72

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

que tous les princes kalkas se firent ses vassaux d'un commun concert, et lui rendirent un hommage solennel. Le roi des Eluths demeura jusques en l'année 1694 le pays qui appartenait autrefois à Chasactou han et à Touchetou han : après avoir rétabli son armée, il parcourut les bords du fleuve de Kerlon enlevant tout ce qu'il y trouvait de Kalkas, il s'avança même jusques sur les frontières du pays de Cortchin, d'où il envoya solliciter le principal prince de se joindre à lui contre les Mantcheoux. « N'est-il pas indigne, lui écrivait-il, que nous devenions les esclaves de ceux dont nous avons été les maîtres ; nous sommes Mongous, nous suivons une même loi ; nous devons donc unir nos forces pour reconquérir un empire, qui est l'héritage de nos ancêtres et le nôtre ; je veux bien partager la gloire et le fruit de mes conquêtes, avec ceux qui en auront partagé le péril ; mais aussi s'il arrive, ce que je ne puis me persuader, que quelques-uns des princes mongous soient assez lâches pour vouloir être toujours asservis aux Mantcheoux nos ennemis communs, qu'ils s'attendent à éprouver les premiers efforts de mes armes. Leur ruine entière sera le prélude de la conquête de la Chine. Le roi de Cortchin donna en cette occasion une preuve de la fidélité qu'il avait jurée à l'empereur : il lui envoya la lettre du roi d'Eluth. Elle donna quelques inquiétude au prince, car quoiqu'il sût bien que les Eluths étaient trop faibles pour oser l'attaquer, il craignait néanmoins la réunion des princes mongous capable de jeter la terreur dans l'empire : leur ancienne animosité contre les Mantcheoux, et la protection secrète que le dalai lama donnait au roi des Eluths, dont il souhaitait l'élévation, pouvaient facilement réunir tous ces Tartares dans un même dessein, de se délivrer de l'assujettissement où ils étaient. Ce furent ces considérations qui déterminèrent l'empereur à faire un nouvel effort pour exterminer les Eluths, ou les contraindre par la force de ses armes à une paix durable et solide. Ce fut dans cette vue qu'en 1696 il fit entrer trois armées dans la Tartarie, afin d'envelopper les Eluths de toutes parts. Il marcha lui-même en personne à la tête de la plus nombreuse, accompagné de plusieurs de ses enfants et des principaux princes de son sang. Une de ses armées remporta une victoire complète, tandis que celle de l'empereur jetait partout l'épouvante. Enfin cette année-là et la suivante il acheva de détruire, de soumettre, ou de dissiper tous ces Tartares. La mort de leur roi qui arriva en 1697 lorsque l'empereur allait le chercher dans le fond de sa retraite, acheva de ruiner tout à fait cette nation : de sorte que ces restes infortunés d'Eluths furent obligés ou de venir implorer la clémence de l'empereur, ou de se retirer auprès de Tse vang raptan, le seul prince des Eluths qui restait.

Cette guerre ayant été ainsi terminée à la gloire de l'empereur, il est devenu le maître absolu de tout l'empire des Kalkas et des Eluths, et a étendu sa