Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/74

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

rendu maître d'Yarkan, de Tourfan, et de Hami que nos géographes appellent Cami. Après la défaite du roi des Eluths, ceux de Hami, qui sont les plus voisins de la Chine, se mirent sous la protection de l'empereur. Ceux de Tourfan et d'Yarkan voulaient les imiter, et cette cour était disposée à les recevoir : mais Tse vang raptan prévint l'exécution de leur dessein par sa présence, et il s'assura de leur fidélité. Ceux d'Yarkan s'étant ligués avec les princes yusbeks leurs voisins, étaient prêts à secouer sa domination : mais Raptan se rendit en diligence chez ces rebelles, et les força de rentrer sous son obéissance. Comme je n'ai pas voyagé moi-même dans ce pays là, je me contenterai de rapporter en peu de mots ce que j'en ai appris des seigneurs, que le prince de Hami envoya à l'empereur de la Chine. Le premier de ces envoyés était un des fils du prince même de Hami : le second était un de ses officiers, qui avait souvent parcouru le pays qui est entre la province de Chen si et la mer Caspienne. Il me dit même qu'il avait été à Bochara, ou, comme ils disent dans le pays, Bobara. Il employa cinq mois à y aller depuis Hami : mais outre que sa marche fut lente, il s'arrêta en plusieurs endroits, et il fit un grand détour, prenant sa route par les terres des Eluths du prince Raptan, qui est beaucoup au nord-ouest de Hami, et de là par le Turquestan. Il me dit que ce chemin était sûr, qu'on n'avait point à craindre les voleurs, et qu'on y voyageait commodément. Il y a un chemin plus droit et plus court, mais moins sûr et plus difficile. On va depuis la Chine à Hami environ en 20 jours ; il y a plus de 100 lieues de Hami à Tourfan, et on le fait en sept jours de caravane. Ce chemin est plein de rochers, et l'on n'y trouve presque ni eau, ni fourrage. Il y a 23 journées de Tourfan jusqu'à Acsou, dix journées d'Acsou jusqu'à Yarcan : et de là jusqu'à Bochara, il n'y a guère plus d'un mois de chemin. On passe à Kaskar : le reste du chemin est occupé par des Tartares nommés Pouroutes et Hassaks : ce sont de grands voleurs, qui pillent indifféremment ceux qu'ils trouvent, fussent-ils même envoyés de quelque prince : ainsi cette route est dangereuse, à moins qu'on n'ait une bonne escorte. et par cette raison elle est peu fréquentée. Le pays est fort chaud en été, il y croît quantité de bons fruits, surtout des melons et des raisins. Ces Tartares sont mahométans : autrefois ils faisaient un grand commerce à la Chine, et l'on y voyait venir toutes les années de nombreuses caravanes. La guerre a interrompu pendant quelques années ce commerce. Peut-être cette route se rétablira-t-elle peu à peu par la liberté et l'exemption des droits, que l'empereur a accordée à quiconque voudrait venir par terre commercer à la Chine. La langue de ces Tartares, qui est apparemment la même que celle des Yusbeks, est différente de la langue mongole : mais celle-ci est presqu'entendue par tout, à cause du grand commerce que ces peuples ont ensemble. Il ne reste plus à parler que de la quatrième nation de cette partie de la Tartarie, qui est sous la domination des Moscovites. C’est la partie la plus vaste, puisqu'