Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/75

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elle s'étend de l'occident à l'orient, depuis la Moscovie jusqu'à la mer Orientale : et du septentrion au midi, depuis la mer Glaciale jusqu'au 50e degré de latitude septentrionale vers la partie occidentale, et jusqu'au 55e degré vers la partie la plus orientale : mais on n'en peut dire autre chose, sinon que c'est un vaste désert ; si l' on en excepte quelques endroits de Sibérie, qui sont raisonnablement peuplés, le reste est presque entièrement dépourvu d'habitants. Je n'ai parcouru qu'une partie des frontières de ces vastes pays : tout ce que je vais rapporter, je l'ai appris de plusieurs Moscovites, et de plusieurs Tartares qui y ont demeuré, et qui y ont fait divers voyages : surtout d'un Moscovite qui s'était établi à Peking et qui y était petit mandarin. Ce Moscovite avait été fait prisonnier par les Mantcheoux à la prise d'Yacsa, et n'ayant plus de quoi subsister dans sa patrie, il accepta volontiers les offres qu'on lui fit de demeurer à Pékin. Il a parcouru la meilleure partie de ces vastes contrées : et outre qu'il a fait deux ou trois fois le voyage de Tobolsk lieu de sa naissance à Moscou, il est allé de Tobolsk à Selengha, de là à Niptchou où il a demeuré un an, de Niptchou à Yacsa, où il a passé huit années, s'occupant tantôt à la chasse, tantôt à recueillir le tribut que les peuples payent chaque année au czar, et qui consiste dans ces belles et précieuses fourrures, qui sont le principal commerce des Moscovites. Voici donc en substance ce qu'il ma raconté : le récit qu'il m'a fait, m'a été confirmé par le témoignage de plusieurs autres personnes également instruites. 1° Cette nation n'est guère éloignée que de 300 lieues de Moscou. Le chemin se fait aisément sur un traîneau en vingt jours, lorsque la terre est couverte de neiges : mais il n’est presque point praticable en été, à cause des boues, des eaux, et des marais : aussi le commerce qui est fort grand, se fait-il toujours en hiver. 2° Tobolsk ou, comme parlent les Moscovites, Tobolskoi est une grande ville fort marchande : c'est la capitale de la Sibérie, et la grande étape de toutes les fourrures. La campagne aux environs produit toutes sortes de grains, de légumes, et de fruits. Elle est gouvernée par quatre officiers moscovites. Chacun d'eux a son département et sa juridiction réglée : ils changent tous les trois ans : tout ce que les Moscovites possèdent dans la Tartarie au-delà des fleuves Irtis et Oby, est du ressort de Tobolsk. Il y a dans cette ville une grosse garnison de Moscovites et de Sibériens, qui sont à la solde du czar. La ville de Tobolsk est à peu près de la grandeur d'Orléans, elle est située sur une haute montagne, au pied de laquelle coule le grand fleuve Irtis, et la petite rivière de Tobolsk, dont la ville a tiré son nom, et qui se jette en cet endroit là dans l'Irtis. On compte environ cent lieues de Tobolsk, jusqu'à l'endroit où l'Irtis se jette dans l'Oby : mais il n'y en a pas la moitié lorsqu'on va en droiture. L'Irtis a beaucoup de tours, et de détours, et il faut quinze ou vingt jours pour faire ces cent lieues, en remontant la rivière. Ce sont