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LE TIGRE, L’AIGLE, ETC.

apporta. Après que le brahme eût apaisé sa faim, et qu’il eût pris avec lui une provision de ces fruits pour sa route, l’aigle le remit dans le bon chemin et se retira.

En continuant sa route, le brahme passa près du domicile du tigre, qu’il avait aussi retiré du puits. Celui-ci reconnut son libérateur, le retint quelque temps près de lui, et lui apporta une grande quantité d’or et de joyaux : c’était la dépouille d’un grand nombre d’hommes et de femmes qu’il avait dévorés jusqu’alors.

Après avoir reçu tous ces présens précieux, le pélerin continua sa route, et arriva à la ville habitée par l’orfèvre. Celui-ci, dès qu’il apprit son arrivée, l’alla trouver aussitôt, le conduisit chez lui, et lui donna mille témoignages extérieurs d’amitié. Le brahme, loin de soupçonner aucune perfidie, crut sincères toutes ces démonstrations d’amitié et de reconnaissance, se livra à lui sans réserve, lui fit part de ses aventures, et lui confia la garde des trésors qu’il avait reçus en présens du tigre. Voir toutes ces richesses, les convoiter, et vouloir s’en assurer la possesion ne fut qu’un pour l’orfèvre. Il saisit le brahme, le garotte, et après l’avoir dépouillé de tout ce qu’il possédait, il le traîne auprès du gouverneur de la ville, auquel il le présente