Page:Dubois - Le Pantcha-Tantra ou les cinq ruses.djvu/262

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vaincus que leur nombre primitif de six était effectivement réduit à cinq, et qu’un de leurs compagnons avait été réellement englouti par la rivière. Aussitôt, une profonde consternation se répandit parmi eux, et ils commencèrent tous à donner des marques de la plus vive douleur. Ils se prirent les uns les autres sous le bras, et poussèrent long-temps des pleurs et des gémissemens, se frappant en même temps la poitrine et donnant plusieurs autres signes de désespoir, comme cela se pratique à la mort de quelque parent ou ami.

Après avoir exhalé leur première douleur, ils se tournèrent tous du côté de la rivière, et l’apostrophèrent avec des gestes expressifs. Ils lui adressaient les plaintes et les reproches les plus vifs : Rivière impitoyable, s’écriaient-ils, maudite rivière ! plus cruelle et plus perfide que les tigres et les ours qui errent dans les forêts, comment as-tu pu avoir la barbarie, l’audace d’engloutir un des disciples du grand gourou Paramarta ! de ce célèbre personnage dont le nom est révéré dans tout le pays, de ce saint homme à qui chacun paie un juste tribut d’éloges, d’estime et d’admiration ? Après un pareil trait de perfidie, qui osera désormais mettre les pieds dans tes eaux traîtresses ?